Ces trois prodiges suisses qui vont crever l’écran à l’Euro – JAM

Ces trois prodiges suisses qui vont crever l’écran à l’Euro

De gauche à droite: Iman Beney, Naomi Luyet, Sydney Schertenleib et Noemi Ivelj. (SALVATORE DI NOLFI, JEAN-CHRISTOPHE BOTT, MICHAEL BUHOLZER, ANTHONY ANEX / Keystone).

Alors que l’Euro 2025 commence mercredi, la Suisse compte sur de jeunes joueuses de 18 ans: Iman Beney, Sydney Schertenleib et Noemi Ivelj.

L’Euro 2025 commence ce mercredi déjà et la Suisse, qui accueille la compétition, va se transformer en capitale continentale du football féminin. Qualifiée d’office, l’équipe de Suisse cherchera à atteindre les quarts de finale, histoire de prolonger au maximum la fête estivale.

Si la sélectionneuse Pia Sundhage pourra s’appuyer sur ses cadres, comme la capitaine Lia Wälti, plusieurs jeunes joueuses de l’équipe de Suisse auront un rôle à jouer sur le terrain, dès le match de l’ouverture du 2 juillet contre la Norvège, dans un stade Saint-Jacques plein à craquer.

Trois talents de 18 ans espèrent marquer ce championnat d’Europe à domicile de leur empreinte: la Valaisanne Iman Beney, ainsi que les Zurichoises Sydney Schertenleib et Noemi Ivelj. Au centre de formation de l’ASF à Bienne – unique structure en Suisse entièrement dédiée aux jeunes footballeuses – les 12-15 ans suivent de près le parcours de ces quatre joueuses à peine plus âgées qu’elles. Lors de notre visite au mois de mai, nous en avons interrogé quelques-unes sur ce qui les inspire chez ces futures stars.

On aurait même pu ajouter deux noms à cette liste de Suissesses qui se font une place chez les grandes, alors qu’elles ont à peine l’âge de conduire.

La première, c’est Naomi Luyet. La récente championne de Suisse avec YB n’était pas suffisamment remise de blessure. Elle a malheureusement dû quitter le camp de préparation plus tôt que prévu. La Valaisanne de 19 ans devra suivre cet Euro 2025 en tribunes. L’avenir s’annonce néanmoins tout aussi brillant pour l’attaquante, qui s’apprête à rejoindre Hoffenheim et la Bundesliga.

La seconde s’appelle Leila Wandeler, 19 ans depuis le 11 avril. La Fribourgeoise est la grande surprise de la liste de Pia Sundhage. Celle qui n’avait jamais été sélectionnée avant le dernier match de préparation contre la République tchèque sera à l’Euro. L’attaquante de l’Olympique lyonnais aura surtout un rôle de joker à jouer, contrairement à ses trois coéquipières.

Sydney Schertenleib, la pépite

Sydney Schertenleib lors de l’entraînement de l’équipe nationale suisse féminine en vue des matchs de la Ligue des Nations, le lundi 31 mars 2025. (KEYSTONE/Christian Merz)

À seulement 18 ans, Sydney Schertenleib est l’étoile montante du football suisse. Vision affûtée, toucher soyeux et intelligence de jeu, la jeune impressionne aussi par sa polyvalence. Elle qui est capable de jouer aussi bien en milieu de terrain qu’au poste d’avant-centre. 

Son ascension est fulgurante. Elle quitte Grasshopper, l’été dernier, pour rallier Barcelone, un club au sommet du football féminin européen. Initialement attendue en équipe B pour faire ses gammes, la Zurichoise s’invite rapidement chez les grandes et s’offre même une place dans la lumière lors des quarts de finale de Ligue des champions le 19 mars dernier, où elle inscrit un but somptueux. Une trajectoire fulgurante qui lui vaut de figurer, fin 2024, parmi les finalistes du Golden Girl Award, qui récompense les joueuses de moins de 21 ans les plus prometteuses en Europe.

Sa progression en équipe nationale suit la même cadence soutenue : début chez les M16 à 14 ans, première sélection dans l’équipe A à 17. Huit capes, deux buts, et un rôle déjà central dans la Nati. Lors de l’Euro, elle sera sans nul doute l’un des piliers de l’équipe de Suisse.

“Elle m’inspire beaucoup notamment du fait qu’elle ait joué avec des garçons. Peu de filles l’ont fait. Elle était à Zurich comme moi et je la connais un peu. J’espère avoir le même parcours qu’elle. Avec des exemples comme Sydney, de plus en plus de jeunes filles s’intéressent au football.”Soraya Bandia (15 ans, FC Zürich U18)

Iman Beney, la revenante

Iman Beney lors d’une séance d’entraînement de l’équipe nationale suisse. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)

À 16 ans, la Valaisanne est appelée pour participer à la Coupe du Monde 2023 en Australie. Puis tout s’effondre : déchirure des croisés, quatre jours avant le départ. Iman Beney encaisse, puis se reconstruit. 

Huit mois plus tard, elle revient plus forte. En Super League, elle empile 7 buts et 2 passes décisives en 16 rencontres avec YB. Et samedi dernier, c’est elle qui marque le penalty décisif en finale de championnat, permettant à son club de remporter le titre. 

En équipe de Suisse, elle respire la fraîcheur, l’instinct, et cette malice qui fait la différence. Avec ses huit sélections, elle s’impose déjà comme une candidate sérieuse à la pointe de l’attaque helvétique cet été.

Il faut dire que chez les Beney, le foot c’est une affaire de famille. Le père a gardé les buts du FC Sion, la tante a joué pour la Nati, et le frère a signé récemment son premier contrat pro à Bâle. Très tôt, elle s’impose chez les juniors du FC Sion, aux côtés de sa coéquipière de toujours, Naomi Luyet. Depuis leurs huit ans, elles évoluent ensemble. Et si tout se passe comme prévu, c’est ensemble qu’elles porteront les espoirs de la Suisse cet été.

“J’aime beaucoup son jeu. Elle est libre avec le ballon et arrive à marquer régulièrement.”Kenissa Blaser (15 ans, Young Boys U18)

“Iman s’est déchiré les ligaments croisés et elle est revenue plus forte. C’est inspirant.”Elynn Raymond (14 ans, Team AVF Bas-Valais)

Noemi Ivelj, la travailleuse

Noemi Ivelj et Mathilde Harviken se disputent le ballon lors du match de football de la Ligue des Nations entre la Norvège et la Suisse, mardi 25 février 2025. (Carina Johansen/NTB Scanpix via AP)

Tout dans son attitude dégage de la maturité. À 16 ans à peine, Noemi Ivelj n’a pas attendu qu’on lui passe le relais. Lors de son tout premier match en équipe nationale A face à l’Espagne, elle entre en jeu et prend le contrôle. Une leader née. 

À Grasshopper, elle confirme ce rôle : cette saison, elle est au cœur du jeu. Avec 18 matches, un but et trois passes décisives, elle qualifie son club pour la finale de la Super League pour la première fois. Une finale haletante, mais perdue aux tirs au but face à YB. Son registre : une milieu qui se projette vers l’avant, capable de percuter, et de faire basculer un match. Mais cette assurance est aussi le fruit du travail. Ces derniers mois, la joueuse de GC a franchi un nouveau palier sur le plan physique.

Fille de Goran Ivelj, ancien joueur professionnel passé par Winterthour ou Wil, Noemi a grandi ballon au pied. En équipe de Suisse, elle compte déjà neuf sélections et un but. Dans un effectif en évolution, elle fait partie du quatuor de milieu de terrain préféré par Pia Sundhage en compagnie de Lia Wäti, Smilla Vallotto et Geraldine Reuteler.

“Noemi, comme les trois autres, a une excellente mentalité. Elle est arrivée tôt au meilleur niveau. Toutes ces joueuses sont des exemples, des inspirations pour nous, notamment du fait qu’elles soient passées par Bienne comme nous.”Soraya Bandia (15 ans, FC Zürich U18)

“Elles ne sont pas arrivées là par hasard. Elles ont du talent, mais elles ont aussi beaucoup travaillé. Souvent, les gens ne se rendent pas compte du travail fourni.”Elynn Raymond (14 ans, Team AVF Bas-Valais)

Par Alik Garibian, Mathieu Baudoin et Mehdi El Ansari
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Pratiques journalistiques thématiques » dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

Une version de cet article a été publiée dans 24 Heures, le 29 juin 2025.

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