Correspondant durant onze ans au Guardian pour la rubrique science, Alok Jha voyage dans le monde entier et joue avec les modes de narration pour sensibiliser le public à l’actualité scientifique. Pour ce jeune écrivain, broadcaster et journaliste, un seul mot d’ordre: l’enthousiasme.
C’est avec un sourire décontracté et sympathique, qu’Alok Jha nous accueille ce matin entre deux conférences. Le journaliste est décrit comme « l’un des plus brillants jeunes écrivains scientifiques » par le journal The Independent. Son but: raconter la science au grand public avec émotion en s’immergeant au plus profond du sujet. Transmettre avec des faits, mais aussi avec de l’émotion. Il désire par ailleurs connecter davantage la communauté scientifique et nos sociétés. Des ambitions de taille auxquelles il se frotte sans peur et sans complexe.
Le storytelling réinventé
La narration se conjugue au pluriel pour Alok Jha. En variant les récits, il souhaite ainsi montrer la complexité de problématiques telles que le changement climatique. En cela, il se distance des alarmistes écologiques, et fournit des connaissances utiles à chacun: «le changement climatique est complexe et nuancé, le journalisme n’est aucun des deux», soutient-il.
We’re not using new narratives and formats enough to give the public the idea of complexity it deserves when we’re talking about #climatechange says @alokjha #ijf18: as journalists we have to improve our #storytelling
— Eleonora Degano (@Eleonoraseeing) 12 avril 2018
- The Water Book: L’histoire extraordinaire de la substance la plus ordinaire Dans ce livre de 2015, Alok Jha dresse le portrait de l’or bleu. Ici, sa narration est double: il nous emmène en Antarctique pour comprendre les enjeux actuels liés à l’eau.Parallèlement, il traite des fonctions de l’eau au niveau scientifique, du rôle qu’elle tient dans l’histoire de l’humanité. En valsant des glaciers de mars, jusqu’aux plus infimes de nos cellules. Il parvient à changer la façon dont nous regardons ce liquide sans lequel la vie n’existerait pas.
- Antarctica live En 2013-2014, Alok Jha a réalisé pour The Guardian, une série de lives en Antarctique. Riche en photos, vidéos, et cartes interactives, les textes sont de vrais outils multimédias, et le résultat : une invitation à la réflexion sur cette région primordiale et vulnérable.
Ses trois conseils pour raconter la science
- Rendez les choses compréhensibles ! N’utilisez pas de jargon, des mots que seuls les scientifiques comprennent. Connaissez ces mots pour comprendre un sujet, mais gardez-vous de vouloir montrer votre savoir au détriment de la compréhension du lecteur.
- Soyez authentiques ! Si vous êtes un scientifique, rappelez-vous toujours du public qui n’a pas votre expérience, mais restez vous-même, ne prétendez pas être ce que vous n’êtes pas, car en tant que scientifique, vous avez une autorité et un devoir. Prenez le temps d’expliquer.
- Soyez enthousiastes ! Vous devez intéresser le public coûte que coûte, même si la thématique semble quelconque. Je pourrais être physicien, et donc aimer parler de relativité ou des débuts de l’univers. Ce ne sont pas les sujets les plus parlants, mais les gens sont intrigués, si on les enthousiasme!
Alok Jha, journaliste scientifique, écrivain, et broadcaster
Crédits photo: The Guardian