« Egos », le nouveau spectacle de la compagnie Lokart, chorégraphié par Mehdi Berdai, explore les luttes du quotidien. Après « Chaos » en 2019, ce 2e volet d’un diptyque a été présenté en octobre au théâtre de la Maison du Concert, à Neuchâtel.
Les lumières s’éteignent, les chuchotements s’estompent, l’air s’imprègne de fumée. Le public fébrile retient son souffle durant de longues secondes, dans la chaude obscurité de la Maison du Concert. Deux douches lumineuses, un cri assourdissant et des rires moqueurs provoquent le sursaut. Première image réussissant d’entrée à nous immerger dans la nouvelle pièce de danse contemporaine, nommée « Egos », de la Cie Lokart.
Une pièce autour de la perversité narcissique
« La dualité entre fragilité et puissance me fascine. J’ai voulu représenter la beauté des corps tout à la fois prêts à céder et à engloutir », exprime Mehdi Berdai, chorégraphe de la pièce. Sur scène, les six interprètes incarnent tour à tour des victimes et des bourreaux, dévoilant les mécanismes pervers du narcissisme, cette façon de manipuler, déstabiliser l’autre afin de flatter son égo. À travers la répétition de quinze tableaux à l’esthétisme épurée, la tension monte progressivement. Des moments légers, plus euphoriques, permettent, cependant, à l’audience de reprendre son souffle. Captivé par cette danse troublante mais esthétique, le public est invité à la réflexion sur les relations humaines et leurs complexités.
Une danse contemporaine accessible
« Pour moi, c’est important que ma pièce soit compréhensible, interprétable et appréciable pour un public novice également », insiste le chorégraphe, concernant le type de public imaginé pour son spectacle. Le processus créatif de Mehdi Berdai se concentre toujours, dans un premier temps, sur la recherche d’esthétisme: « J’aime être émerveillé devant des spectacles, trouver la scène agréable à la vision, et c’est aussi ce que je défends dans ma pratique chorégraphique. Ça permet à tout public d’aimer ou non, de partager ce sens esthétique. »
Accompagné d’artistes de la région
Dans cette quête du « beau » et du troublant, Mehdi Berdai a soigneusement choisi ses partenaires de scène: Maky Grochain, Alix Janssens, Maxime Jeannerat, Akané Nussbaum et Zoé de Reynier l’accompagnent. Les interprètes, pour la plupart issus du milieu culturel neuchâtelois, sont actifs, soit au sein de leur compagnie, soit dans le cadre de mandats chorégraphiques. « Ce sont des danseurs et danseuses locaux et j’en suis très fier », appuie le chorégraphe, qui souligne également l’aspect pratique au niveau des répétitions. Quatre des cinq artistes l’avaient déjà suivi pour sa pièce « Sacre », dansé au théâtre du Passage en 2023: « Ça s’était extrêmement bien passé, j’ai donc voulu retravailler avec eux. »