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Que vit l’éleveur quand sa vache se prend la tête ?

Babas regarde son génisson combattre. Lionne est marquée du numéro 64.

La 4ème édition des combats de Reines de Rochefort a eu lieu ce samedi 14 octobre. Vous étiez peut-être dans le public, mais certainement pas dans la tête d’un éleveur. Nous avons suivis Babas pour comprendre pourquoi il participe à cette journée et quel est son lien avec sa bête durant les combats.

Avant de se lancer dans cette journée de combat, découvrons notre protagoniste Babas qui est au coeur d’une histoire particulière. L’histoire d’une grande amitié mélangée à une passion peu commune. Deux ingrédients qui permettent d’animer la région rochefortoise de la 4ème édition des combats de Reines ce 14 octobre.

Les débuts de Babas

Babas n’est pas un éleveur comme les autres. Babas est pompier de formation, n’a pas de ferme, mais une passion : les vaches d’Hérens. À ses 40 ans, ses amis connaissent sa passion et lui offrent un veau. Une passion qui se concrétise par un cadeau hors du commun qui représente aussi, le début insoupçonné de l’Amicale rochefortoise des vaches d’Hérens.

“Un veau, ça ne se met pas dans le salon”, comme nous rappelle son ami Hermann Frick, président du comité des combats. Toute une organisation a dû se mettre en place pour accueillir cette vache nommée Pomy, notamment en la logeant chez des amis agriculteurs de Babas.

Pomy remporte plusieurs victoires lors des combats de Reines et donne envie aux amis de Babas d’avoir eux aussi une vache. En 2015, l’Amicale est créée lorsque deux amis du groupe achètent ensemble Mirabelle. A 53 ans, Babas a toujours la même passion et participe aux combats de Reines amicaux de Rochefort avec Lionne, son génisson de deux ans acheté il y a trois semaines pour l’occasion. L’Amicale est une grande famille d’amis dont Babas est le berceau de son histoire.

Éric (à gauche) et Babas (à droite). Amis, ils ont acheté leur vache Lionne ensemble. Lionne vient de gagner le titre de Reine de la catégorie génisson. Photo : Bastien Nespolo

Une journée particulière

Aujourd’hui, Lionne participe à son premier combat en concours. C’est donc un jour important pour sa future carrière et surtout pour Babas qui va connaître la véritable valeur de sa bête. Il est allé avec son ami Éric choisir Lionne en Valais, mais il ne peut pas savoir comment elle se comportera dans l’arène. Son seul indice a été la génétique. Il connaît la mère de Lionne qui a remporté plusieurs compétitions et espère avoir fait le bon choix avec Lionne. Ses attentes ont un goût d’espoir et de découverte.

Babas et le combat

Tout d’abord, pour la mettre en condition avant un concours, Babas lui donne du fourrage, nous explique-t-il, surtout si le concours est après l’été, car elle ne mange pas toujours à sa faim quand elle est en alpage. Un peu de fourrage permet donc de la préparer physiquement. Ensuite, pour éviter qu’elle ne soit stressée, il l’amène le matin sur le lieu pour qu’elle puisse s’habituer à l’endroit et aux autres vaches. S’il la sent stressée avant un combat, il lui gratte le dos pour la détendre et la rassurer.

Concernant le combat, quelques signes permettent à Babas de savoir comment se sent sa vache. Par exemple, si elle “se purge” avant, c’est qu’elle s’allège pour se préparer à lutter. Ou encore, si elle gratte le sol, c’est qu’elle cherche à intimider son adversaire, ce qui est bon également.

Durant le combat, quand la lutte s’intensifie, il l’encourage en criant le nom de sa bête. Babas n’hésite pas non plus à entrer dans l’arène pour faire fuir une vache qui pourrait taper le flanc de Lionne. Un véritable travail d’équipe qui permet à Babas de protéger ou d’aider Lionne dans ses combats et faciliter sa qualification pour les finales. Il nous explique cela avec images à l’appui.

Lionne est la vache avec le numéro 64.

Bilan

Parti d’un veau en 2010, c’est près de 1’000 personnes et 75 bêtes qui célébraient la 4ème édition des combats de Reines organisée par l’Amicale rochefortoise des vaches d’Hérens. Les encouragements et la technique de Babas ont porté leurs fruits. Lionne n’a perdu que son premier combat. Après une lutte de plus de 25 minutes, elle se qualifie pour les demi-finales, qu’elle remporte en quelques secondes. Puis vient la finale qu’elle remporte également en un peu moins d’une minute. Belle récompense pour Babas qui organise cette journée depuis plus d’un an avec l’Amicale, et pour qui y participer était une évidence. Pour un premier jour de lutte, Lionne a su montrer à ses deux propriétaires qu’ils avaient fait le bon choix et qu’elle est du genre à aimer se prendre la tête !

Bastien Nespolo
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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