La presse est à la recherche d’un business model viable. Aux Etats-Unis, plusieurs médias à but non-lucratif voient le jour. Leur modèle de financement s’appuie sur l’apport de fondations philanthropiques. Une façon de faire à l’américaine avec ses bienfaits et ses risques. La thématique est discutée au Festival International du Journalisme de Perugia.
La presse est confrontée à l’effondrement progressif d’un système traditionnel, dit industriel, qui reposait sur les revenus publicitaires et les abonnements. L’agence de presse britannique Reuters vient d’annoncer le licenciement massif de plusieurs employés. De son côté, la revue indépendante britannique Cairncross s’alarme, dans un rapport, de la disparition du journalisme local d’investigation. Cet état des lieux oblige le milieu à trouver des alternatives sérieuses.
Le journalisme philanthropique vit de belles heures aux USA
La philanthropie pourrait avoir un rôle à jouer. C’est en tout cas ce que l’on observe déjà aux Etats-Unis, où milliardaires et fondations (Fondation Gates, Knight) s’engagent dans l’écosystème médiatique. Leurs dons ont déjà permis au journalisme à but non lucratif de mener des projets probants.
A titre d’exemples :
- Le Center for Investigative Reporting;
- Le Consortium of Investigative Journalists, à l’origine des Panama papers;
- Le célèbre site d’investigation ProPublica. Lancé il y a environ 10 ans, grâce aux millions de la fondation Sandler pour défendre un « journalisme d’intérêt public”, il a déjà raflé quatre prix Pulitzer pour ses enquêtes.
En 2014, le Pew Research Center dénombrait environ 170 start-ups à but non-lucratif. Ce vivier a pu, en partie, voir le jour grâce à Craig Newmark – considéré comme l’un des pionniers du web. Ce philanthrope fonde en 2016 Craig Newmark Philanthropies, une fondation privée, chargée de promouvoir la philanthropie et l’engagement civique, notamment le journalisme de qualité. Partisan d’un journalisme citoyen, Craig Newmark sera présent vendredi à Perugia.
Local journalism wields impact for your community. That’s why I’m proud to support the newly launched nonprofit newsroom @TheCityNY, which serves New Yorkers through hard-hitting local journalism based on people, data, policy. Welcome THE CITY:https://t.co/p3Mr05q5KW #THECITYNY
— craig newmark (@craignewmark) 3 avril 2019
Mais comment expliquer que ces chevaliers défenseurs d’un journalisme de qualité se fassent plutôt rares en Europe?
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Néanmoins, c’est surtout le profil de ces institutions et leurs potentiels intérêts qui déplaisent sur le Vieux-Continent. Tous les médias concernés aux Etats-Unis affirment, de leur côté, avoir un mur imperméable entre leur salle de rédaction et l’argent reçu sous la forme de dons.
Il existe également des raisons fiscales et culturelles qui favorisent son implantation aux Etats-Unis :
- Des avantages fiscaux non négligeables existent sous formes de déductions aux Etats-Unis pour les fondations;
- Les Américains font davantage « appel » à la charité privée qu’au gouvernement pour leur venir en aide.
Une conférence à Perugia
Le Festival International du Journalisme de Perugia propose vendredi la conférence «La philanthropie peut-elle sauver le journalisme».
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