« Le monde est gouverné par les algorithmes de Facebook et Google », « c’est plus une démocratie, c’est la dictature de Facebook », « Trump et le Brexit, c’est à cause des algorithmes ». Voilà des phrases à la mode depuis quelques mois. Il est donc temps de rendre à l’algorithme ce qui lui appartient. Et de rappeler qu’il n’est finalement qu’un outil mathématique qui permet aussi de très belles choses. Définition et exemples.
D’un point de vue mathématique, un algorithme est simplement un protocole bien précis, une suite de calculs ou d’actions prédéfinis. De par son côté systématique, c’est un outil qui a pris tout son sens avec le développement de l’informatique. Tout algorithme, du plus basique au plus complexe, comprend les trois mêmes étapes:
- l’input (ou l’ensemble des paramètres d’entrée)
- la black box (ou l’ensemble des opérations)
- l’output (ou l’ensemble des paramètres de sortie)
Pour avoir une image mentale plus concrète, prenons un exemple basique: l’algorithme de l’addition. Formalisons 2+5+9 = 16.
- Input: 2,5,9
- Black box: processus d’addition
- Output: 16
Sachant cela, et même si l’algorithme de Facebook est tenu secret, voyons ce que l’expérience Facebook effectuée par les élèves de l’AJM peut nous apprendre sur chacune de ces trois étapes.
Pour bien fixer les idées, imaginons qu’on vient d’ouvrir Facebook. Il nous propose donc une suite de publications dans un ordre bien précis. Comme le classement d’un championnat de football avec un nombre très élevé d’équipes et une manière assez « tordue » et complexe de leur attribuer des points. On va maintenant formaliser au mieux le procédé mathématique qui explique cette sélection.
- Input: dans le cas de Facebook, l’input est une base de données incroyablement vaste, et qui doit être séparée en deux ensembles bien distincts:
- A: l’ensemble des éléments susceptibles de figurer sur notre mur: les publications des amis et des pages que l’on suit, les partages des amis, les pages massivement aimées par nos amis, etc. Pour reprendre la métaphore du football, il s’agit de l’ensemble des équipes à classer.
- B: l’ensemble de tous les autres éléments qui permettent d’établir le classement des éléments de A: il s’agit de l’historique de tous nos « like », partages, commentaires, clics, etc. Mais il semble que Facebook prenne aussi en compte plein d’autres éléments: l’heure de connexion, l’heure de publication de chacun des éléments de A, le temps écoulé depuis notre dernière interaction avec chaque ami et chaque page que l’on suit… De plus, la nature même d’un élément de A est importante: on a par exemple observé durant l’expérience que Facebook semblait « pousser » les contenus vidéo vers le haut. Si l’on revient au football, il s’agit de l’ensemble des éléments pris en compte pour l’attribution des points.
- Black box: On l’a dit, Facebook tient secret le contenu précis de cette étape. Ce que l’on sait, c’est que chacun des critères ci-dessus va être pondéré pour chaque élément de A. L’addition de ces différentes pondérations va donner un « nombre de points » à chaque élément de A.
- Output: il s’agit simplement de votre mur Facebook, qui reflète le classement des éléments de A établi à l’étape précédente: l’élément ayant obtenu « le plus grand nombre de points » apparaît en premier sur votre mur, etc. Bien entendu, ce classement est extrèmement long. Et on ne passe généralement pas toute sa journée sur Facebook. On ne va donc voir que le haut de ce classement, qui représente une infime partie des publications pouvant potentiellement nous atteindre. Et c’est bien ce qui crée la polémique depuis l’élection de Donald Trump.
Ainsi, rappelons-nous que les algorithmes sont partout et qu’ils nous rendent de précieux services: Ils permettent d’effectuer un scanner médical, de calculer l’itinéraire le plus court sur nos GPS, de crypter nos données bancaires sur internet… Les algorithmes ne sont donc pas dangereux. Mais, comme pour toute avancée scientifique, ce que les hommes en font peut l’être.