Mauvais temps et précipitations ont rythmé l’été 2021. Manque d’ensoleillement, chutes de grêle et parcelles inondées, tels ont été les fardeaux des agriculteurs helvétiques. Les plus grandes pertes sont enregistrées du côté des plantes et végétaux. Tour d’horizon.
« Nous avions comme des lacs dans certaines parcelles. Les pommes de terre ont été noyées et ont pourri », relate Jonathan Marendaz à la Tribune de Genève. Ce producteur vaudois a vu une part de sa récolte de pommes de terre submergée par l’eau de pluie. Il faut dire que la saison estivale a été compliquée : un été que MétéoSuisse a d’ailleurs qualifié d’arrosé. Le service météorologique constate que certaines régions ont connu un taux de pluviosité record depuis plus de 100 ans. Les chutes de grêle étaient également de la partie, avec des grêlons atteignant jusqu’à 7 cm. Sur les 30 jours que compte le mois de juin, pas moins de 13 journées de grêle ont été recensées.
Le Tessin et le centre de la Suisse alémanique particulièrement touchés
La carte ci-dessus représente le taux de précipitations (à gauche) et les jours de grêle sur l’ensemble du territoire suisse (à droite) du 1er au 29 juillet 2021. ©MétéoSuisse
L’échelle avec laquelle ces taux sont mesurés se base sur la moyenne de précipitations recensées entre 1981 et 2010 par MétéoSuisse. On constate que le taux de précipitations a plusieurs fois atteint l’équivalent de 180% de cette moyenne. De manière globale, la Suisse centrale ainsi que le canton du Tessin ont été particulièrement touchés, bien que le phénomène ait frappé la quasi totalité du territoire.
Le blé, dans deux ou trois semaines, devra être battu. Mais il a aujourd’hui des maladies qui se développent sur les dernières feuilles. Après si on reste dans les grandes cultures, le maïs a beaucoup de retard. Le tournesol et le soja, sans oublier les betteraves et les pommes de terre, ont besoin aujourd’hui d’interventions soit phytosanitaires soit mécaniques.
Fritz Glauser
Ces pluies abondantes ont menacé le secteur agricole. Ce dernier a connu de grandes pertes, notamment au sein des plantes et produits végétaux. Fritz Glauser, agriculteur et président des paysans fribourgeois et des céréaliers suisses, en témoigne à RTS Info : « Le blé, dans deux ou trois semaines, devra être battu. Mais il a aujourd’hui des maladies qui se développent sur les dernières feuilles. Après si on reste dans les grandes cultures, le maïs a beaucoup de retard. Le tournesol et le soja, sans oublier les betteraves et les pommes de terre, ont besoin aujourd’hui d’interventions soit phytosanitaires soit mécaniques ». Il explique aussi que la qualité de l’orge a baissé en raison du surplus d’eau.
Ces complications, ont-elles eu une incidence sur la taux de production annuelle ? Pour le savoir, nous avons établi une comparaison avec celui de l’année 2020, basée sur les statistiques recueillies par l’Office fédéral de la statistique. Ces données attestent effectivement d’un déficit relativement fort pour la plupart des plantes et produits végétaux.
Bien que les écarts semblent moindres, on constate tout de même que la production de 2021 est pratiquement toujours inférieure à l’année 2020. A titre d’exemple, la pomme de terre est le produit qui a connu la plus grande variation en une année avec une perte de 21,8%. On peut également relever que les plantes industrielles ont enregistré une baisse de 15,1% par rapport à l’année précédente. Ces différences se répercutent de manière plus flagrante sur la production totale des plantes et produits végétaux.
De possibles augmentations de prix
A l’image des pommes de terre, l'ensemble des plantes et produits végétaux a été durement impacté par les précipitations qui ont gâché la saison estivale en Suisse. Toutefois, d’autres produits de la branche agricole ont connu des baisses importantes. Le miel a notamment enregistré une quantité de récoltes historiquement basse, avec plus de 2 kg en moins par colonie. Les abeilles ont été empêchées de sortir butiner, principalement en raison de la fraîcheur inhabituelle du mois de mai 2021 et des intempéries de l’été. La faîtière Apisuisse a expliqué dans un communiqué que les apiculteurs n'avaient pas connu « si mauvaise récolte de miel depuis plus de 15 ans ».
Cette baisse des récoltes en Suisse a amené des pertes qui se traduisent par des rayons de magasins moins approvisionnés qu’habituellement. Les consommateurs devraient donc s’attendre à de possibles augmentations des prix des produits sur une partie du secteur alimentaire.
Par Muriel Bornet et Maxime Crevoiserat
Image d'appel: ©Keystone ATS
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours "Publication, édition et valorisation numérique", dans le cadre du master en journalisme de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel.