Ces amateurs qui surmontent l’enfer du KM vertical de Fully

Le parcours de la course est un véritable supplice. Il s'agit d'une ligne droite interminable. (Crédits: Instagram @kmverticalfully)

Épreuve mythique de la course en montagne, le KM vertical de Fully a vu les plus grands noms de la discipline. Mais au-delà des records, cette montée vertigineuse incarne un magnifique défi personnel pour des centaines d’amateurs passionnés. Retour sur ces héros de l’ombre qui gravitent vers leur propre sommet.

Le parcours du Kilomètre vertical de Fully propose un défi inédit: grimper 1’000 mètres de dénivelé en moins de 2 kilomètres. Plus de 700 coureurs se sont rassemblés le samedi 19 octobre pour participer à la 22ᵉ édition de la célèbre course valaisanne. Un par un, ils se sont lancés à l’assaut du parcours d’un ancien funiculaire, dont la pente moyenne est de plus de 50%.

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Le parcours en image:
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Le parcours se situe dans les hauteurs de la ville de Fully, en Valais.
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Dès le passage dans les vignes, la pente s’accentue.
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La pente moyenne est à plus de 50%.
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Le parcours est un immense ligne droite qui semble interminable.
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Tous les 100 mètres, un panneau indique le dénivelé parcouru.
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Le chemin est parfois sinueux.
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L’une des étapes mythiques de la course: le passage du tunnel.
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Après 1000 mètres de montée, l’arrivée est un véritable soulagement.
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« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »

Au petit matin, l’ambiance est pesante, à côté de la Belle-Usine. La plupart des coureurs amateurs s’échauffent en silence, tandis que certains tentent d’obtenir des derniers conseils sur l’immense défi qu’ils s’apprêtent à affronter. Lorsque le speaker appelle les concurrents, la tension se lit sur leur visage.

La course commence par un faux plat montant, le seul du parcours. Pour autant, les premiers participants ne tentent pas de courir. Le but est de préserver ses forces pour venir à bout du parcours. Les meilleurs chronos sont réservés aux sportifs d’élite, qui partent tout à la fin.

Le record féminin largement battu

Déjà titrée à neuf reprises sur le parcours de Fully, la Française Christel Dewalle a une nouvelle fois épaté tous les spectateurs. Avec un chronomètre de 33 minutes et 13 secondes, elle explose le record féminin de la course, en repoussant sa précédente marque de plus de 29 secondes.
Pourtant, même chez les élites, le chronomètre semble presque anecdotique. Avant même d’avoir appris son résultat, Aurélien Gay, vainqueur l’an dernier, raconte: "On se connait tous, les élites, on est vraiment comme une famille. C’est vraiment sympa de regarder arriver les copains." Finalement, le local de l’étape termine à la deuxième place, battu par l’Italien Henri Aymonod.

Tout est question de gérer son effort

Alors que les pentes sont de plus en plus raides tout au long de la course, certains regrettent d’être partis trop vite. « J’ai vomi deux fois dans le mur final, je suis dégoûté. […] J’aurais pu gagner quelques minutes, mais je suis fier de m’être battu jusqu’au bout », raconte un jeune participant.

Dans les derniers mètres d’ascension, la plupart des coureurs amateurs se démènent comme ils peuvent pour effectuer les derniers mètres de course. Certains poussent de toutes leurs forces sur leurs bâtons, tandis que d’autres terminent même la course à quatre pattes.

Malgré l’intensité de la course, certains parviennent à garder de l’énergie pour le sprint final. C’est le cas de Hector, un coureur amateur venu de la région parisienne. Celui qui court pour le plaisir depuis six ans explique: « Je savais que j’étais à moins d’une heure, mais ce sont les encouragements du public qui m’ont poussé à me dépasser sur la fin. »

Gravés dans l’ADN de la course

L’une des beautés du Kilomètre vertical de Fully réside dans la variété de profils qui se présentent sur la ligne de départ. Parmi les plus surprenants, l’Italien Moreno Pesce participe avec une prothèse à la place de sa jambe gauche. Parti avec le dossard 787, il a terminé la course en une heure et 57 minutes.

Les coureurs amateurs ont une place primordiale dans l’identité de la course, rappelle Katia Bérard, la présidente du comité d’organisation de l’événement. « Le Kilomètre vertical de Fully reste une course populaire. Seule une partie des athlètes sont dans l’élite, mais ça garde encore cette chaleur humaine, c’est ça, la beauté de notre course. »

Par Mathieu Robatti
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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