Le 14 octobre, le Val d’Anniviers a fêté la réhabilitation de deux de ses anciennes bisses. Un moyen de combler les besoins en eau des surfaces fourragères de la commune.
Samedi matin, il est 7h30 à St-Luc. Le ciel teinté de gris s’apprête à délivrer ses premières gouttes, confinées dans les nuages depuis plusieurs semaines.
«L’aboutissement d’une grande histoire»
Les yeux rivés sur le sol, Guy, Lambert et Gaëtan s’affairent à régler les derniers détails avant la mise en eau des deux bisses fraîchement réhabilités. A l’abandon depuis les années 70, le Grand Bisse et le Bisse Roux sont prêts pour leur inauguration. Les yeux mouillés des habitants de la vallée en témoignent, le symbole est puissant. Pour Gaëtan Salamin, gardien actuel du Grand Bisse, «voir l’eau glisser le long de ces coteaux, c’est l’aboutissement d’une grande histoire».
L’eau qui sauvera le fourrage
Aux yeux de Lambert Zufferey, ingénieur derrière la réhabilitation des deux bisses, la Suisse fait face à un allongement des périodes sans précipitation. «On en a un bel exemple aujourd’hui, en ce premier jour de pluie après trois semaines de ciel bleu permanent.» Très exposés aux rayons du soleil, les coteaux du Val d’Anniviers sont particulièrement vulnérables en période de sécheresse. Le fait de recourir à l’eau des bisses pour irriguer les surfaces fourragères permet de simplifier le travail énorme que représente l’arrosage, ainsi que de faire des économies en eau potable, encore souvent utilisée pour sauver les récoltes.
Bénéfices pour les exploitations
Au total, c’est une dizaine d’agriculteurs qui pourront profiter de ce système d’irrigation.
Comme le souligne Lambert Zufferey, «certains n’avaient plus du tout d’eau sur leurs surfaces. Et s’ils en avaient, c’étaient des installations limitées qui ne permettaient le branchement que d’un seul jet».
Légende
«Certains n’avaient plus du tout d’eau sur leurs surfaces.»
Lambert Zufferey, ingénieur en charge des travaux
Un gain de temps effectif
Aux yeux de Mireille Melly, agricultrice et gardienne du Bisse Roux, le changement est remarquable. «Avec le bisse, on pourra arroser des deux côtés et gagner beaucoup de temps.» Celle qui avait confié à l’ingénieur «qu’elle mourrait sûrement avant que l’eau n’arrive chez elle» a de quoi être rassurée. Samedi, l’héroïne de la journée traçait son chemin à travers les forêts et les coteaux du Val d’Anniviers. Comme le relève Gaëtan, «même le ciel en pleure de joie».
Par Margaux Krieg
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du Master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.