Le voyage forge la jeunesse, dit-on

L'édito de Lou-Anne Dangremont sur le prix du train. © Gaëtan Bally/Keystone

ÉDITO

On me demande de donner mon avis sur le sujet de la mobilité dans le canton de
Neuchâtel. En tant qu’étudiante belge n’ayant ni le permis, ni un porte-monnaie
suisse, je pense pouvoir donner un petit avis extérieur

Il faut dire que ma propre expérience des transports suisses a été rude.

Après peu de temps dans ce pays, mon karatéka de cousin m’appelle : « Lou, j’ai
une compétition à Winterthur. Toi qui es en Suisse, tu viens me voir ? ». Je regarde
vite fais le temps de trajet : ce n’est pas à côté mais ok. Le jour J, j’arrive à la gare
de Neuchâtel. Je passe à la borne pour acheter un ticket.

123 francs

Je me frotte les yeux, relis une deuxième fois : 123 francs. Je recommence l’achat,
peut-être que je me suis trompée. 123 francs. Puis je me souviens. Le responsable
belge de mon master m’avait dit : « le train, c’est gratuit pour les étudiants en
Suisse ». Je vais au guichet, et découvre… Qu’en fait non. Je peux acheter un
abonnement annuel à 2 650 francs ou le demi-tarif à 120 francs. Chez moi, pour 40
euros, on fait 10 trajets dans tout le pays.

Pour 123 francs, je suis quand-même allée voir mon cousin ce jour-là, mais j’ai très
peu pris le train depuis. Je n’ai pas le permis, je vis de ma bourse et de mes parents
qui ont des salaires belges moyens (dans les 2500-3000 euros chacun). Alors un
voyage en train suisse c’est une petite folie que je ne peux pas me permettre
souvent.

Du coup, je me suis renseignée sur les alternatives. Parce qu’en un an à l’étranger,
je veux pouvoir visiter et changer de ville de temps en temps. Le plus simple, c’est
le covoiturage. Je m’incruste dans les voitures de mes amis à la moindre possibilité,
et j’ai découvert le monde merveilleux de BlaBlacar. Monde dans lequel tu dois
meubler la conversation avec des inconnus même si tu n’as pas trop envie d’être
cool avec ce monsieur qui t’explique que : «quand-même, les médias sont
corrompus, et que même si t’as l’air gentille tu t’apprêtes à faire un métier de
merde parce que les journalistes font que mentir».

Je me rends compte avec tout ça que j’ai de la chance d’être à Neuchâtel. Sans
permis et avec des moyens limité, un endroit plus isolé ou loin de mes cours aurait
été pénible. Ici, tout est accessible à pied : si j’ai faim, je suis à deux pas des
magasins, si je me blesse, je suis à 2 pas de l’hôpital, … Parce que sans voiture,
dans une plus petite ville, j’aurais connu beaucoup plus de difficultés.

Alors même si mon petit cœur d’écolo saigne de devoir écrire ce genre de chose : la
voiture, pour toute longue distance, ça reste pratique dans ce pays.

Aujourd’hui, dans la rubrique «Destination», un joli podcast est né des mains
d’Amélie Gyger. Le sujet, c’est justement la possibilité ou non de se passer de voiture dans
le canton. Les témoignages sont passionnants et plus complets que le mien, …

Bref, je vous conseille de vous jeter sur ce podcast sans trainer.

Par Lou-Anne Dangremont

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Production de formats journalistiques innovants », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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