Les opposants à l’extension des autoroutes dénoncent un projet anachronique et plaident pour développer massivement les alternatives au transport individuel motorisé. Ils souhaitent investir dans les mobilités écologiques « d’avenir » et rediriger les moyens financiers existants.
«Proposer d’élargir les autoroutes est un mauvais signal envoyé à la jeune génération, sur les enjeux de mobilité et la situation environnementale. Il est irresponsable de participer à augmenter le nombre de voitures sur les routes», a déclaré Zoé Nater (Jeunes socialistes neuchâtelois). Elle qualifie ces projets de «folie autoroutière» en décalage avec la nécessité, selon elle, d’investir dans les transports publics et la mobilité douce.
Une large coalition neuchâteloise de partis de gauche et d’associations écologistes réunies autour de l’ATE-NE (Association transports et environnement) présentait ses arguments contre l’extension du réseau autoroutier ce vendredi 25 octobre, lors d’une conférence de presse à Neuchâtel. Soumis au référendum le 24 novembre, le projet du Conseil fédéral prévoit d’investir 4,9 milliards de CHF pour éliminer les goulets d’étranglement sur six tronçons autoroutiers, dont un en Suisse romande. Les partisans estiment que ces nouvelles infrastructures réduiront le trafic de transit dans les localités et fluidifieront le trafic autoroutier.
«L’élargissement est une fuite en avant qui ne mène qu’à un accroissement de la capacité de stockage de véhicules sur les autoroutes et ne résout en rien les goulets d’étranglement en sortie», a répliqué Maxime Auchlin (Vert’libéraux). Il estime qu’une augmentation du nombre de voitures mènera inévitablement à une congestion des sorties dans les localités, illustrant ses propos à l’aide de deux entonnoirs aux contenances différentes mais aux goulots de diamètre similaire.
Favoriser les mobilités douces
Les participants plaident pour améliorer l’attractivité des transports publics plutôt que de la voiture. «Il faut fidéliser les gens à utiliser les transports publics plutôt qu’à se déplacer en voiture», estime Maxime Auchlin. «Les moyens financiers destinés aux transports publics doivent être priorisés.» Il défend l’idée d’un investissement massif pour le développement du réseau ferroviaire, plutôt que des autoroutes. «Nous devons nous souvenir des politiques visionnaires qui ont bâti le réseau ferroviaire suisse. Il est aujourd’hui temps de réinvestir dans le rail. Au lieu d’élargir l’autoroute entre Nyon et Le Vengeron, c’est maintenant qu’il faut réaliser le doublement de la voie CFF.»
La coalition estime que la solution à l’engorgement des routes doit être résolue en réduisant le trafic automobile. Les représentants de la gauche radicale ont défendu un modèle fondé sur la décroissance et une réduction du temps de travail afin de réduire le nombre de déplacements nécessaires. La baisse du prix des billets de train et les possibilités de covoiturage ont été soutenues par tous les participants.
Fabien Fivaz (conseiller national, Les Vert-e-s) a plaidé pour réorienter les 4,9 milliards de francs issus du fonds FORTA (dédié au réseau routier) prévus pour les autoroutes vers des projets situés dans les agglomérations, «là où se situent les véritables besoins en termes de mobilité».
Par Julien Tinner
Ce compte-rendu est daté du 25.10.2024. Mis à jour avant publication le 27.11.2024.
L’arrêté fédéral sur l’étape d’aménagement 2023 des routes nationales a été rejeté par 52,7% des Suisses le 24 novembre 2024. Le refus a atteint 62,54% des voix dans le canton de Neuchâtel. Au niveau fédéral, la participation s’est élevée à 45,05%.
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Atelier presse I », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.