La renouée du Japon est devenue l’un des maux de nos rivages. Présente dans tout le canton de Vaud, la déloger nécessite des années de lutte. Les associations n’abandonnent pas, mais son éradication n’est plus envisagée.
Les bottes seront restées au sec. La pluie intense de ce vendredi matin a finalement eu raison de l’action d’arrachage de renouées du Japon organisée sur les rives de la Sorge, tout proche du campus de l’EPFL à Écublens. L’Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL) est partie en chasse contre cette plante extrêmement envahissante qui étouffe la biodiversité locale et déstabilise les berges, pouvant mener jusqu’à leur affaissement en cas de crue. C’est ainsi que, de mai à octobre, toutes les trois semaines (et lorsque la pluie n’est pas de la partie), bénévoles et biologistes arrachent manuellement les nouvelles pousses. « Le début d’année est souvent un peu démoralisant », avoue Laura Gutierrez, biologiste et chargée de projet à l’ASL. « On vient, on arrache 60 kg, puis on revient trois semaines plus tard, on arrache à nouveau 40 kg… C’est un travail de longue haleine mais leur présence finit effectivement par diminuer. » Et en effet, en ce début d’automne, les berges sont pratiquement débarrassées de l’envahisseuse.
Comment reconnaître la renouée du Japon ? (Cliquer pour dérouler)
La renouée du Japon s’observe sur les rivages, les zones humides, mais parfois aussi les bords de route et les terres cultivées. Plante pionnière, elle apprécie les zones dépourvues de végétation pour s’établir puis coloniser le milieu. Reconnaissable à ses feuilles en légère forme de cœur, ses tiges tirent sur des tons rougeâtres. Sa vitesse de croissance peut atteindre 1 à 8 cm par jour.
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Une as de la résistance
Si la plante est si coriace, c’est que ses racines s’enfoncent jusqu’à trois mètres sous terre. La biologiste explique: « Un fragment de seulement trois centimètres peut lui permettre de repousser et former une nouvelle population ». Pour espérer éliminer un maximum de repousses et épuiser la plante, la lutte doit être menée pendant près de dix ans.
Tout le canton colonisé
Preuve de sa capacité de dissémination exceptionnelle, la renouée est désormais présente dans toutes les régions du canton. « Et on continue à en découvrir en remontant le cours des rivières. » Un constat problématique pour Laura Gutierrez: « Il suffit qu’une renouée se trouve en amont pour qu’un fragment transporté par l’eau colonise les zones en aval, jusqu’au lac ». L’ASL poursuit la surveillance et espère contrôler les populations existantes, mais l’espoir de l’éradiquer complètement semble désormais hors de portée.
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Par Julien Tinner
Cet article est daté du 20.10.2024. Mis à jour avant publication le 19.11.2024.
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.