Dürrenmatt face à l’apocalypse: Une expo qui détonne

Surplombant la ville, le Centre Dürrenmatt Neuchâtel fêtera son jubilé (25 ans) au début de l'année prochaine. (Photo: Idan Matary)

Niché au sommet du vallon de l’Ermitage, le Centre Dürrenmatt Neuchâtel (CDN) dévoile jusqu’au 9 février une exposition apocalyptique, fruit des œuvres et réflexions de Friedrich Dürrenmatt sur la bombe atomique. À ses côtés, les travaux de cinq artistes suisses illustrent cette thématique, pleinement ancrée dans le contexte socio-politique actuel.

Thème central dans les œuvres littéraires et picturales de Friedrich Dürrenmatt (1921-1990), profondément marqué par la Guerre froide, l’exposition «imaginaire atomique» du CDN souhaite enrichir nos réflexions sur les enjeux du nucléaire dans le monde d’aujourd’hui.

« Avec la bombe atomique, l’homme […] est devenu sa propre apocalypse. »

Friedrich Dürrenmatt

Avant-gardiste, Dürrenmatt écrit en 1941 sa première comédie, Le Bouton, dans laquelle la simple pression d’un bouton déclencherait une bombe détruisant le monde entier. Quelques années plus tard, il condamne, sans surprise, les attaques d’Hiroshima et de Nagasaki, les comparant à l’épisode biblique de la catastrophe: «Avec la bombe atomique, l’homme […] est devenu sa propre apocalypse».

Friedrich Dürrenmatt, Suisse furieux lançant une bombe, non-daté, collection CDN

Dürrenmatt l’apocalypticien engagé    

Les problématiques liées au nucléaire le concernent tout au long de sa vie, tant dans sa carrière d’artiste, avec l’exemple de sa plus célèbre pièce de théâtre, Les Physiciens (1962), que dans son engagement citoyen et politique, combattant férocement l’usage du nucléaire en Suisse à la fin des années 70. Sa meilleure arme de combat, l’humour, omniprésent dans ses œuvres, permet d’apporter une touche d’espoir: «Plus le monde est angoissant, plus il est important que je m’en distancie.»   

Cinq artistes suisses en dialogue avec Dürrenmatt

Duc-Hanh Luong, commissaire de l’exposition, a souhaité associer le CDN à cinq artistes suisses «afin d’apporter un éclairage contemporain sur la thématique». Les œuvres de Vanessa Billy, Christine Boillat, Miriam Cahn, Alain Huck et Gilles Rotzetter dialoguent avec celles de Dürrenmatt à travers l’esthétique du champignon atomique, le thème de l’apocalypse ou encore le réchauffement climatique, assimilé également à une autodestruction de l’humanité.

Les oeuvres d’Alain Huck (à gauche) et de Miriam Cahn (à droite). (Photo: Idan Matary)

Informations pratiques

L’exposition «imaginaire atomique» est visible du 12 octobre 2024 jusqu’au 9 février 2025 au Centre Dürrenmatt Neuchâtel. Le musée est ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 17h.

Un Cahier du CDN et une série de podcasts accompagnent également l’exposition.

Par Idan Matary
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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