Le groupe de musique klezmer et gitane Barcelona Gipsy Balkan Orchestra était en concert à Genève. Retour sur les origines multiculturelles de ces traditions musicales de l’Est de l’Europe.
Invité par l’association des Amis de la Musique Juive (AMJ), le Barcelona Gipsy Balkan Orchestra se produisait pour la première fois à Genève le dimanche 15 octobre, sur la scène de l’Alhambra. Les musiques de son répertoire, très inspirées des mélodies juives et tsiganes, prennent racines dans une véritable mosaïque de cultures et d’époques et ont fait voyager le spectateur du sommet des Carpates aux plaines de l’Anatolie.
Au carrefour des cultures
Si le mélange des traditions juives et gitanes peut étonner de prime abord, il est loin d’être atypique. Les communautés ashkénazes d’Europe de l’Est ont donné naissance, au Moyen-Âge, à un mouvement de musicien itinérants: les klezmorims.
Avec leurs guitares et leurs violons, ils animaient les mariages et les fêtes des lieux où ils passaient. Comme les tsiganes, ils traversaient de nombreux pays et s’imprégnaient des musiques et des sonorités locales.
Quand il y avait un mariage et qu’il manquait un violoniste, c’était un gitan qui venait prendre la place de celui qui était malade.
Dann-Olivier Alfandary, président de l’AMJ
Or, bien souvent, les chemins des klezmer et des tsiganes venaient à se croiser. Comme l’explique Dann-Olivier Alfandary, président de l’association des amis de la musique juive: « Ils se sont rencontrés, ils se sont connus, ils ont entendu ce que les uns et les autres faisaient. Quand il y avait un mariage et qu’il manquait un violoniste, c’était un gitan qui venait prendre la place de celui qui était malade. »
Un fil rouge
Pourtant, ces deux traditions musicales restent deux genres distincts, et ce n’étaient pas les similitudes que le spectacle mettait à l’honneur, mais bien les différences. Selon Dann-Olivier Alfandary, la culture juive, du fait de sa nature dispersée et de ses influences multiples, est « un fil rouge entre toutes les époques et entre tous les pays ».
Tandis que la guerre fait rage à Gaza et que le monde se polarise, montrer les influences mutuelles entre les traditions gitanes, juives, mais aussi musulmanes (l’une des chansons venait de Turquie), n’est pas vide de sens. Le concert du Barcelona Gipsy Balkan Orchestra témoignait de la manière dont la diversité culturelle peut être célébrée et partagée à travers l’Art, et que la musique, bien souvent, est un pont qui transcende les barrières culturelles et linguistiques.