De l’art pour octobre rose

L’exposition Des Seins à Dessein se tient cet automne à l’Espace Arlaud à Lausanne, dans le cadre d’octobre rose, mois de sensibilisation au cancer du sein. Si beaucoup d’oeuvres exposées tissent un lien direct avec la maladie, d’autres explorent aussi les thèmes du corps, des féminités, du genre, ou encore de la transmission.

Photographie, peinture, sculpture, céramique, tapisserie… La palette des médiums présents dans les salles qui accueillent la quatrième édition de Des Seins à Dessein annonce qu’il y en a pour toutes les sensibilités. Organisée par la Fondation Francine Delacrétaz qui vient en aide aux personnes touchées par le cancer du sein, l’exposition réunit quarante-quatre artistes contemporains qui adressent leur travail à ce sujet tabou.

Alors que la poitrine féminine a longtemps été sujet d’obsession dans l’histoire de l’art, elle se heurte aujourd’hui encore à de nombreux interdits, notamment quand il s’agit de l’exhiber dans l’espace public. Le cancer du sein, qui parfois demande l’ablation de son hôte, est lui aussi souvent passé sous silence. Pour Marie-Christine Gailloud-Matthieu, commissaire de l’exposition, il s’agit ainsi de

Parler du cancer du sein, de la féminité et de tout ce qui va autour, à travers l’art; et donc de sensibiliser, de faire qu’on se pose des questions. Et en même temps, c’est aussi pour les artistes, qui donnent énormément.

Marie-Christine Gailloud-Matthieu, rappelle aussi l’importance de lever les tabous et convoque des oeuvres qui s’appliquent à le faire :

Des seins malades

1 femme sur 8 est confrontée au cancer du sein au cours de sa vie. Il reste le cancer le plus fréquent chez la femme. Avec Des Seins à Dessein, l’art devient alors le vecteur privilégié pour sensibiliser, visibiliser et communiquer avec un large public.

Chiffres tiré du site Savoir Patient

Le travail de l’artiste Charlotte Stuby, qui a participé à l’exposition, représente, par exemple le geste de prévention et de dépistage de l’autopalpation. Dans le cadre d’octobre rose et sur les réseaux sociaux fleurissent d’ailleurs les vidéos rappelant la nécessité de répéter ce contrôle fréquemment.

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> voir aussi : Octobre rose, ce mois dédié à la prévention du cancer du sein

Nathalie Perrin, quant à elle, expose quatre cadres où s’articulent des paroles entendues par des personnes confrontées à la maladie. Corinne en fait partie et a eu l’occasion de visiter l’exposition et d’y réagir : « Je me suis arrêtée devant les dialogues, ça, j’ai beaucoup aimé car j’ai retrouvé des mots que j’ai vécus personnellement. »  Elle poursuit:

Quand on nous annonce le cancer, c’est souvent le mot ‘mort’ qui vient avec, l’inquiétude de la mort, l’inquiétude des traitements, de la perte de sa féminité aussi.

Mettre en avant des messages positifs

Mais même si le sujet est grave et que le travail de sensibilisation semble essentiel, le visiteur qui sillonne l’Espace Arlaud rencontre également des messages d’espoir. L’oeuvre de Lucie Kohler, composée de diverses statuettes en céramique, met en scène des figurines à la fois humaines et zoomorphes qui affichent parfois une pause fière et victorieuse, alors même que certaines n’ont qu’un sein.

Dans une même optique, d’autres oeuvres évoquent la force et la poésie du corps, la sexualité, la guérison, la magie ou même de purs instants festifs. Et alors que les mouvements féministes contemporains tentent de faire rimer égalité et actualité, Des Seins à Dessein s’inscrit dans une époque qui lève de nombreux tabous, dont les seins et la maladie font partie.

par Noemi Cinelli

Crédits photo de Une et photos diaporama : Noemi Cinelli

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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