Si on devait définir la nature de la relation médias/Facebook, ce serait un couple en situation de crise. Mario Calabresi et Raju Narisetti partagent leurs tactiques pour rééquilibrer les relations avec la plate-forme.
La solution n’est pas de faire cavalier seul, mais d’utiliser Facebook pour servir ses propres intérêts, estime Raju Narisetti, PDG de Gizmodo . Pour lui, la clé est une approche pragmatique, faite de « smart tactics« , pour profiter des avantages de Facebook tout en développant leurs relations avec d’autres réseaux sociaux comme Flipboard ou Apple News.
Développer des compétences
Facebook est prêt à donner énormément d’argent aux publishers pour que ceux-ci publient des formats « lives » sur leurs plateformes. « Prenez tout l’argent que vous pouvez » conseille malicieusement Raju Nasiretti. Il estime que les médias et autres utilisateurs de Facebook live ne devraient pas être embarrassés de profiter du système : « cela vous aidera à développer de nouvelle compétences et à créer de nouvelles ressources qui vous seront utiles plus tard ».
Maybe Facebook doesn’t love us after all. So, what now? With @pilhofer, @mariocalabresi, @vivian, and @raju at #ijf18 pic.twitter.com/yIL2XCiqJ7
— Andrew Garthwaite (@AndGarth) 13 avril 2018
Selon Raju Narisetti, les médias qui souhaitent booster leurs audiences ont également intérêt à injecter de l’argent dans Facebook : » C’est la plateforme la moins coûteuse, mais aussi la plus efficace pour attirer l’attention des visiteurs. »
Accepter les challenges
Pour Mario Calabresi, rédacteur en chef du quotidien italien Repubblica , Facebook est « un fantastique lanceur de challenges ». Un constat inspiré de son expérience. Il y a environ deux ans, Facebook propose au média italien de signer un accord prévoyant la publication de lives sur la plateforme. À l’époque, le format n’était pas encore démocratisé sur la toile. Le deal: 15 vidéos de 10 minutes par semaine sur le réseau social. En échange, une rémunération non négligeable grâce au système de monétisation des contenus. Du « donnant- donnant », pour Mario Calabresi. Aventurière, la Repubblica signe l’accord sans avoir de connaissance pratique préalable du nouveau format. Un gros risque.
Sans l’impulsion de Facebook, la Repubblica n’aurait jamais eu l’audace de se lancer seul dans un tel projet
Les journalistes web prennent rapidement leurs marques et se familiarisent avec le nouvel outil. « Ils y ont très vite pris goût et après une première journée de live, la machine était lancée ». Ils commencent par filmer en direct les backstages de concerts, puis se lancent dans des sujets plus sérieux, en allant jusqu’à amener leurs caméras aux frontières de la Syrie. Même si, à la grande déception de la Repubblica, Facebook décide de mettre une terme à l’accord après deux ans de partenariat, le média a continué les lives. « Sans l’impulsion de Facebook, la Repubblica n’aurait jamais eu l’audace de se lancer seul dans ce type de contenu », note Mario Calabresi.