Immersia : une plongée dans le grand bain de l’anxiété 

Le container bleu a parcouru l'Arc jurassien pendant plusieurs mois (Photo : EC).

L’installation immersive a posé ses valises à la Place Numa-Droz à Neuchâtel jusqu’au 19 octobre. Cette expérience est mise sur pied par l’association Pro Junior Arc jurassien. Elle vise à sensibiliser à la thématique de l’anxiété et des troubles anxieux qui touchent près de 20% des jeunes en Suisse.  

L’anxiété touche de plus en plus de jeunes. Face à ce constat, le le programme Appel d’air a mis sur pied l’expérience Immersia : «En se référant aux différentes études qui montrent que c’est un enjeu de santé publique, ça souligne la pertinence de traiter d’une telle thématique», explique Pablo Guillaume-Gentil, chef de projets au sein du programme porté par Pro Junior Arc jurassien. Selon lui: «On parle de troubles anxieux quand cette anxiété commence à devenir excessive, persistante sur la durée et qu’elle ne présente pas de cause identifiable».

« C’est un enjeu de santé publique »

Pablo Guillaume-Gentil, chef de projets au sein d’Appel d’air

Immersia se présente sous la forme d’une expérience immersive itinérante. Elle se déroule dans un container bleu qui a d’abord pris ses quartiers en août à Delémont puis est parti à Porrentruy, Le Locle et à La Chaux-de-Fonds. Elle s’est finalement installée à Neuchâtel jusqu’au 19 octobre.

L’installation emmène le public dans un voyage –  houleux – entre images, sons et lumières. Trois vidéos on été créées pour l’occasion. Elles sont le fruit de la collaboration entre l’entreprise Mouvement Studio et des étudiants et étudiantes de l’Académie de Meuron, qui souffrent également d’anxiété. Elles sont projetées pendant une poignée de minutes: «Nous nous sommes entourés de partenaires du domaine de la jeunesse, de la santé, de l’éducation, mais aussi de l’art pour comprendre la faisabilité du projet. C’est un travail collectif», souligne Pablo Guillaume-Gentil.

L’importance du dialogue

Sur les lieux de la box, une équipe de médiation intervient pour permettre un accompagnement complet. Elle propose également des ressources, que ce soit des numéros d’urgence ou de la documentation. Cette présence continue permet d’ouvrir le dialogue autour de ce sujet, comme cela a été le cas pour Pauline. Cette étudiante de 21 ans souffre d’anxiété depuis des années: «C’est assez handicapant pour moi. Souvent, ça va altérer la vision que j’ai de moi-même. L’anxiété va aussi se manifester par des symptômes physiques ».

Découverte d’Immersia à travers l’expérience de Pauline :

L’installation Immersia n’a pas laissé l’étudiante indifférente: «J’étais très stressée pendant l’expérience, cela m’a même fait un peu pleurer», confie-t-elle. Une sensibilisation qu’elle juge nécessaire pour tous, en particulier les proches des personnes touchées: «Cela aide à se mettre à la place des victimes», souligne Pauline.

De bons retours et l’envie de recommencer

Après plus de trois mois d’action, les chiffres précis ne sont pas encore connus. Selon les organisateurs, l’expérience a pu sensibiliser un bon nombre de personnes: «On a eu beaucoup de bons retours, autant du public qui vient visiter que des autorités publiques et étatiques», détaille Pablo Guillaume-Gentil. Il ajoute: «Ce qui a beaucoup plu, c’est cette dimension assez innovante d’expérimentation, ça change d’une conférence ou d’une table ronde».

Carton plein, donc pour Immersia. Mais, comme l’explique le chef de projets, il y a toujours des points d’amélioration, surtout pour une première: «Nous pourrions communiquer davantage sur la présence de la box et essayer de se rendre dans plus de villes dans l’Arc Jurassien».

Immersia devrait revenir en 2026 pour une nouvelle tournée. Quant à savoir si elle se présentera exactement sous la même forme, il est trop tôt pour le dire: «Nous sommes en pleine phase de réflexion sur les projets 2026, donc je ne peux pas donner d’indications claires», tempère Pablo Guillaume-Gentil. 

L’anxiété en chiffres (et numéros)

Selon la dernière étude de l’Observatoire suisse de la santé (OBSAN), publiée en 2023, 17% des jeunes connaissent des symptômes modérés à sévères de troubles anxieux. Si vous avez besoin d’écoute, de conseil ou d’aide, voici les différents numéros à connaître :

Aide & écoute pour les jeunes : 147

Info & conseils : 147.ch et ciao.ch

Canton de Neuchâtel – Urgences : 032 755 15 15

Canton du Jura Semaine : 032 420 51 80 / Soirs & week-end : 032 421 21 21

Par Ella Charrère

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Recherche d’informations et écritures journalistiques » dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM), de l’Université de Neuchâtel.

Derniers articles de Multimédia