CityColor, fresque féministe et inclusive

Les fresques lumineuses de Sophie Le Meillour et Camille Lacroix sur le Mur des Réformateurs. — © Bathsheba Huruy

Sophie Le Meillour et Camille Lacroix ont proposé une projection immersive sur le Mur des Réformateurs en octobre 2023. L’expérience lumineuse était suivie d’un atelier participatif, offrant au public la possibilité de s’initier au mapping sur le monument genevois.

C’est par une pluie de météorites que le spectacle commence. Dès les premières illuminations, les personnages de Batman, d’E.T ou encore des Spices Girls emportent les spectateurs qui en prennent plein la vue. Un tourbillon visuel soutenu par un concert live du groupe Chacho & friends.

Artistes féminines à l’honneur

C’est à l’Usine, foyer de la culture alternative genevoise, que Sophie Le Meillour fait ses premiers pas dans le mapping – une technologie multimédia qui permet de projeter de la lumière ou des vidéos sur des surfaces. Observant une prédominance masculine dans ce milieu, elle veut y proposer une alternative par un projet mettant « en lumière des artistes qui travaillent en petit format afin de projeter leurs œuvres à grande échelle sur les murs de Genève ».

En 2020, elle crée CityColor, une manifestation qui invite à repenser le patrimoine architectural au féminin. À travers des fresques lumineuses et engagées, le projet veut donner de la visibilité aux créations d’artistes féminines dans l’espace public genevois.

Des lieux symboliques

En septembre dernier, les illustrations de l’artiste Noémie Creux investissaient le skatepark de Plainpalais. Le mois suivant, c’étaient les œuvres de Camille Lacroix qui transformaient les quatre Réformateurs. L’idée étant de prendre possession, le temps d’une soirée, d’un espace fait par et pour les hommes. Le mapping permet à Sophie Le Meillour de « s’attaquer au patrimoine de manière propre avec une projection qui n’abîme pas l’espace ».  Les lieux sont choisis avec soin par l’artiste.

Un projet participatif et inclusif

Le show lumineux terminé, c’est au tour des spectateurs de prendre le relais et de donner vie à Calvin et ses compagnons. Une tablette est mise à disposition du public. Le but : dessiner en temps réel sur le Mur. L’occasion pour chacun de faire sien le monument genevois séculaire.  

Le projet se voulant participatif, il donne aussi accès au Parc des Bastions à la tombée de la nuit.  Ce qui n’est pas pour déplaire aux parents. « Nous ne serions jamais venus dans le parc le soir avec les enfants s’il n’y avait pas eu cet événement, nous confie Jessica. Ce type de manifestation nous donne accès à des expériences que nous ne vivrions pas autrement. » Valentine, une femme d’une vingtaine d’années, nous glisse qu’elle ne s’aventurerait pas seule dans le parc en temps normal. « La manifestation m’a permis d’accéder à un lieu qui me paraît inenvisageable la nuit. » Lorsqu’on lui demande quel est le moment qu’elle a préféré, la jeune femme nous dit : « J’ai aimé voir les Réformateurs habillés en Spice Girls. C’était amusant de voir ces figures patriarcales travesties comme ça. » Du mapping féministe et participatif, c’est ce qu’il fallait pour démystifier ce lieu profondément imprégné d’histoire.

Le mapping est une technique de projection vidéo. Cette pratique artistique peu connue du grand public a pourtant une place de choix à Genève. Julie Sando en a fait un de ses domaines de prédilections et nous en parle: https://youtu.be/t9kW4E2mjEc

Par Bathsheba Huruy
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours "écritures informationnelles", dans le cadre du master en journalisme de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel.

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