En Suisse, alors que la population devrait atteindre 9 millions d’habitants en 2023, l’UDC lance une initiative pour limiter la population résidante permanente du pays à 10 millions et profite d’un impensé politique.
Le 15 novembre 2022, la population mondiale a franchi le seuil symbolique des 8 milliards d’individus. En Suisse, la population devrait atteindre 9 millions d’habitants cette année. La croissance démographique dans notre pays est deux fois plus rapide que celle de la France et du Royaume-Uni, en raison de l’immigration et du vieillissement de la population.
Lors des élections fédérales, l’UDC a abordé la croissance démographique sous l’angle du phénomène migratoire. Cette thématique est devenue le fer de lance de leur campagne, cristallisée par le lancement en juillet 2023 de l’initiative « Pour la durabilité », qui dit « Non à une Suisse à 10 millions ». Ce thème a mobilisé les citoyens, puisque le parti a conservé son statut de premier parti du pays à l’issue du scrutin de cet automne.
Pourtant, considérer la croissance démographique sous le seul prisme de l’immigration est insuffisant. Le vieillissement de la population et la concentration urbaine sont aussi des facteurs à prendre en compte, nécessitant une réflexion approfondie sur les aspects sociaux et environnementaux.
Quid des autres partis?
Qu’en disent les autres formations politiques ? Le Centre n’en parle pas. Le PLR y voit un avantage économique sans considérer la baisse du pouvoir d’achat. Le PS se focalise sur l’immigration, en occultant les défis concrets que l’augmentation du nombre d’habitants soulève. Les Vert-e-s parlent d’une approche mondiale pour gérer la pression qu’une population toujours plus nombreuse a sur l’environnement. Des positions somme toute plutôt floues.
En délaissant la croissance démographique, les partis ont ouvert la voie à l’UDC, qui n’hésite pas à la saisir. L’initiative « Pour la durabilité » se targue de résoudre des problèmes de logement, d’environnement et de manque d’infrastructures hospitalières et de mobilité. L’UDC, experte dans l’utilisation des outils de démocratie directe, exploite habilement l’omission criante des autres groupes politiques sur ce point. Regardons le bon côté. L’initiative offre aux partis l’opportunité de définir leurs positions sur les défis sociétaux induits par une croissance démographique inévitable. Espérons toutefois qu’ils se saisiront de la question rapidement, faute de quoi le débat public et politique complexe que mérite cette problématique fera défaut.
