Quand on parle de faux comptes Facebook, on pense aux escrocs prêts à nous soutirer de l’argent. Mais depuis quelques années, ces faux profils ont d’autres ambitions: véhiculer des articles ou des fake news pour influencer l’issu d’une élection. C’est l’astroturfing.
Janvier 2017, Buzzfeed a découvert un réseau Pro-Trump (« The great liberation of France ») qui, à travers des faux comptes, manipulait des informations et les véhiculaient sur Twitter et Facebook. Tout ceci pour faire élire Marine Le Pen. Ce groupe pratique l’astroturfing, en référence à une marque de pelouse synthétique. Autrement dit: « on croit que c’est vrai, mais en fait c’est artificiel.
Dans ce groupe pro-Trump, les créateurs de faux comptes ont généré des personnages, le plus souvent jeunes, gays ou juifs. Des profils qui n’ont à priori pas d’intérêt de voter Front national et qui souhaitent jouer sur les paradoxes.
Mais derrière se cache des trolls et surtout une petite organisation bien rodée: un Google docs avec des instructions, des traducteurs ou encore, des mèmes prêt à être partagés. Un risque pour l’opinion publique? Pas à ce stade. Mais si les moyens financiers le permettent, ils peuvent avoir une grande influence.
Une pratique à plus grande échelle
L’astroturfing peut prendre des dimensions presque industrielles. La méthode consiste à inonder les réseaux sociaux de faux utilisateurs automatisés: les bots et de générer du contenu. Il est même possible de s’acheter un logiciel qui crée, par jour, des milliers des faux profils et de fausses informations.
Ces faux comptes manipulent l’opinion publique en générant, au même moment, une seule et même information. Une sorte de phénomène de foule artificielle pour donner plus de visibilité à une information et même influencer l’utilisateur.
En politique, l’astroturfing peut être une arme. Il suffit de prendre l’exemple de la Chine et de sa politique de propagande gouvernementale. La « water army » sont des fonctionnaires assignés à diffuser des messages sur les réseaux sociaux à travers des faux comptes. Mais la Corée du Sud a subi l’impact le plus flagrant de ce phénomène, lors des élections en 2012. Sur Twitter, des faux comptes ont déversé 24 millions de tweets contre le candidat progressiste coréen.
Heureusement, ce phénomène n’a pas gagné la France, comme elle a pu le faire en Corée du Sud. Facebook a pris des dispositions juste avant le premier tour de la présidentielle, en supprimant 30’000 faux comptes. Un acte qui prouve à quel point le danger des faux comptes est réel.