Le Conseil d’État propose 400’000 francs sur deux ans à ArcInfo, RTN et Canal Alpha, en réaction aux coupes budgétaires qui touchent le secteur. Ces aides doivent leur permettre de pérenniser leur activité en achevant la transition numérique. Les médias concernés saluent la mesure, même s’ils jugent les montants insuffisants.
Il faut soutenir les médias d’importance cantonale. C’est l’avis du gouvernement neuchâtelois, qui propose une aide à ArcInfo, RTN et Canal Alpha. Il avance 200’000 francs par an pendant 2 ans, dans l’attente de mesures fédérales.
Les médias concernés saluent la démarche mais restent d’un enthousiasme mesuré. « Ce montant demeure relativement faible, le niveau des charges d’ArcInfo s’élevant à environ 15 millions de francs par an », indique Jacques Matthey, le directeur général du quotidien. La somme que le journal pourrait toucher correspond au coût annuel d’un poste et demi de journaliste, selon lui.
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De grandes disparités entre les médias
Dans le détail, ArcInfo serait le principal bénéficiaire de ce paquet d’aides. L’État veut renforcer son soutien par des abonnements offerts aux jeunes et aux habitants nouvellement installés sur le canton. Cette enveloppe est chiffrée à 134’400 francs par an, mais il s’agit d’un montant maximal qui ne sera distribué qu’en fonction du succès de l’offre, soit le nombre d’abonnements effectivement conclus.
Le Canton propose également aux trois rédactions de subventionner à hauteur d’un tiers leur coûteux abonnement à l’agence de presse Keystone-ATS, qui fournit images et dépêches. Canal Alpha n’est cependant pas abonné à ce service et ne toucherait donc rien en l’état. Pour la radio RTN, ce soutien représentera 12’600 francs par an. « On aurait pu s’attendre à un peu plus si l’on se compare à d’autres cantons, notamment Fribourg », note Adrien Juvet, son rédacteur en chef. Le voisin bilingue subventionne lui cet abonnement à hauteur de 50% pendant quatre ans.
Rien pour les feuilles de proximité
À l’inverse des médias cantonaux, les feuilles locales (Val-de-Ruz Info, Le Ô, Littoral Info, etc.) n’ont pas été intégrées aux mesures d’aide. Contactées, plusieurs de ces rédactions de proximité regrettent ce choix et disent leur sentiment d’abandon. Le Conseil d’État considère lui que, dans leur cas, des aides communales seraient plus appropriées.
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Finaliser le virage digital
Par ces mesures de soutien, le Conseil d’État neuchâtelois veut permettre aux médias régionaux de finaliser leur transition numérique et s’adapter durablement à ce nouvel environnement, qui défie actuellement leur rentabilité. Il indique que « le domaine des médias est un secteur économique indépendant. Toute aide financière publique doit être envisagée à la fois sous l’angle de la liberté et la responsabilité économique, en respectant par ailleurs la nécessaire indépendance des médias ». Ce soutien se justifie selon lui par « le rôle clé pour la démocratie » assuré par ces diffuseurs régionaux dans l’offre d’une information vérifiée aux citoyens et citoyennes du canton.
Le projet, initialement impulsé par 59 députés du Grand Conseil, retourne dans ce même hémicycle pour y être débattu et éventuellement modifié. Le Conseil d’État espère une entrée en vigueur à l’été.
Par Julien Tinner
Cet article est daté du 23.01.2025. Mis à jour avant publication le 09.02.2025.
Ce travail journalistique a été réalisé pour les cours « Atelier audio/vidéo », dont l’enseignement est dispensé collaboration avec le CFJM et la RTS, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.