Exclus de facto des stades et patinoires helvétiques en raison des mesures sanitaires, les groupes de supporters acceptent docilement de jouer le jeu pour l’instant, mais leur culture pâtit de la situation actuelle.
Depuis le 1er octobre 2020, les grands événements sportifs peuvent à nouveau se dérouler en Suisse avec du public mais de lourdes restrictions puisqu’ils n’ont le droit qu’à deux tiers de leur capacité normale et uniquement en places assises.
Ces restrictions constituent toutefois un élixir de survie pour les clubs professionnels qui n’ont d’autre choix que de les respecter à la lettre, quitte à devoir se passer de l’un de leurs principaux atouts marketing : les groupes de supporters, dont la ferveur est souvent mise en avant dans leurs clips promotionnels.
Deux groupes, deux opinions, une même frustration
Nous avons rencontré deux de ces associations : la Section Grenat (SG), qui suit le Servette FC, et les Irréductibles Grenat (IG), pour le Genève-Servette HC. Elles s’accordent sur le fait que la situation sanitaire dépasse largement le cadre sportif, ce qui justifie leur acceptation globale des mesures.
Les IG ont ainsi donné à leurs sympathisants le mot d’ordre de continuer à soutenir le club en renouvelant leur abonnement. Les membres du groupe se rendent majoritairement à la patinoire ensemble, mais sans attributs distinctifs et sans animer la tribune. Quant à la SG, son noyau dur suit les matchs au local du groupe, mais chaque individu peut se rendre au stade s’il le souhaite, à condition qu’il le fasse en son nom et pas en celui du groupe.
Communiqué de la Section Grenat… pic.twitter.com/G2BPMoGJaq
— Enfants du Servette (@EDS_blog) September 16, 2020
Comment les supporters vivent-ils leur passion à distance ? « Moyennement bien, voire même carrément mal pour certains » selon le comité de la SG. L’un d’entre-eux poursuit : « j’ai essayé de regarder du foot à la télé, mais je ne suis pas autant à fond. Il n’y a pas d’émotions, je n’arrive pas à me réjouir ou à être triste pour un résultat. Toute une saison comme cela, je ne sais pas si je vais décrocher, mais ça va être long ». Ce sentiment est d’ailleurs largement partagé par les fans avec qui nous avons pu échanger depuis la reprise.
????? ?̀ ?? ??????? ?????? !
Vos chants en dehors du stade ont poussé les Grenat vers la victoire ? #PlusFortsEnsemble #NotreVilleNosSupporters pic.twitter.com/psSTPvgoMr
— Servette FC (@ServetteFC) August 27, 2020
Pas de supporters visiteurs… pour l’instant
Une autre nouveauté du sport en période de Covid-19, c’est l’absence de fans visiteurs. Si les clubs y trouvent leur compte au niveau financier, la culture supporters est lourdement mise à mal.
Les déplacements constituent le principal ciment des groupes et un facteur d’intégration sociale important. « Heureusement qu’on a ce local, parce qu’au vu de la situation dans les bars, on aurait du mal à garder le contact » nous glisse la Section Grenat.
Les rivalités existent sur la glace car elles naissent en tribunes. C’est toujours triste un derby sans supporters. #WeMissYou pic.twitter.com/R2T2DwzzCm
— Geneve-Servette HC (@officialGSHC) December 20, 2019
Les deux groupes dialoguent régulièrement avec les dirigeants de leurs clubs. Selon les IG, « historiquement, ces discussions fonctionnent bien à Genève. Les clubs sont conscients qu’ils ont besoin d’un soutien populaire et qu’il passe par des tribunes animées ».
Pour autant, il est hors de question pour eux de subir des pressions de leur part : « dès le retour à la normale, nous ne tolérerons par exemple pas que les secteurs visiteurs restent fermés ».
Un retour souhaité
Si l’avenir du supportérisme reste encore flou en Suisse et largement dépendant de l’évolution de la pandémie mondiale, il ne fait en tous cas aucun doute qu’il se situe dans les stades et patinoires. Pour le plus grand bonheur des supporters, des clubs… et des joueurs.
Jérémy Frick, gardien du Servette FC, confirme que l’ambiance est nécessaire dans un match de compétition.
Crédits photo : Bastien Trottet
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.