Dans le brouillard alpin s’est tenue le 14 octobre la journée internationale d’observation du gypaète. Le rapace se porte bien mais préoccupe toujours. Comment prendre soin de l’emblème de nos alpes?
« Le gypaète est une success-story ». Ce samedi 14 octobre, comme chaque année, Pierre Lauener prend part à la journée internationale d’observation du gypaète barbu avec l’association Le Rougegorge. Comme d’autres passionnés d’ornithologie, il profite de la mise en place d’un poste d’observation à Anzère pour traquer le mythique oiseau. Et la pluie qui tombe au Pas de Maimbré, au sommet des télécabines, ne semble pas avoir douché ses ardeurs ni celles de Juan Manuel Martinez Soriano, le vice-président de l’association.
Réintroduit avec succès, l’immense rapace semble hors de danger. Pourtant, les spécialistes ne baissent pas leur garde. Parmi eux, Julia Wildi, biologiste et membre la fondation Pro Gypaète qui coordonne les postes d’observation en Suisse romande.
Les trois conseils de Julia Wildi, biologiste
- Ne pas approcher les gypaètes à moins de 500 mètres en période de nidification. La curiosité des promeneurs ou des photographes conduirait le gypaète à abandonner sa nichée.
- Ne pas nourrir les gypaètes. Le rapace a une alimentation particulière puisqu’elle n’est composée que d’os. Leur donner de la viande, qui peut parfois contenir des antibiotiques, peut leur être fatal.
- Prendre conscience que nous partageons notre espace aérien avec le gypaète. Hélicoptères, éoliennes et câbles électriques constituent des dangers directs pour ce rapace dont l’envergure peut atteindre 3 mètres. Pour éviter les collisions, une carte crée par l’université de Berne répertorie les zones à risque.
« La plus grande menace pour le gypaète, c’est l’homme »
L’homme a aujourd’hui sauvé le gypaète en entreprenant une vaste opération de réintroduction. Pourtant, « la plus grande menace pour le gypaète, c’est l’homme », selon la biologiste Julia Wildi. A la fois sauveur et seul prédateur du grand rapace, l’homme doit veiller à la quiétude du gypaète.
Que le mythe perdure
Longtemps considéré comme un oiseau diabolique, enleveur d’enfants et de bétail, « le gypaète bénéficie actuellement d’une excellente image », constate Julia Wildi. Et c’est cette réputation qui constitue la clef des démarches de sensibilisation entreprises par les associations.
Le vice-président de l’association Le Rougegorge remarque aussi que « les gens se prennent d’affection pour cette espèce magnifique ». Juan Manuel Martinez Soriano a d’ailleurs eu la chance d’apercevoir le seul gypaète de la journée. Ce n’était pas la première fois, mais pour l’ornithologue, croiser le chemin de cet oiseau reste « un privilège ».
Voir un gypaète ça fait quoi ? Retour avec Juan Manuel Martinez Soriano sur le souvenir de son premier gypaète.
Avec ses 3 mètres d’envergure, le passage d’un gypaète ne laisse personne indifférent, pas même les ornithologues aguerris.
Une nouvelle disparition de l’espèce affecterait l’écosystème, mais la plus grande perte serait « le gypaète en tant qu’élément mythique du paysage alpin », nous confie la coordinatrice de Pro gypaète. « Je ne peux pas donner une réponse plus scientifique malheureusement, ce n’est rien de tangible », admet-elle.
Bilan de la journée : au moins quatre gypaètes aperçus dans les alpes romandes, dont l’un dans le ciel anzérois.
Petite journée pour les observateurs cette année, en raison des conditions météorologiques. Pourtant, 25 naissances de gypaètes ont été comptabilisées cette année, ce qui fait de 2023 une année record pour le rapace. Aujourd’hui, plus de 200 spécimens peuplent l’arc alpin. Cet oiseau de près de 3 mètres d’envergure ne risque donc pas de s’envoler.