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Un bout de Far West à Aubonne

La salle du Chêne d’Aubonne a revêtu les couleurs états-uniennes samedi soir. (Crédits : Thomas Freiburghaus)

Quelque 190 passionnés de country se sont réunis samedi 14 octobre dernier à Aubonne, pour fêter les vingt ans des Happy Boots. Le témoin d’un mouvement vieillissant, mais toujours présent en Suisse romande.

Pour danser sur de la musique country toute la nuit, nul besoin d’aller jusqu’à Nashville. Samedi 14 octobre, la capitale de la country avait déménagé à Aubonne. Au total, près de 200 cow-boys et cow-girls s’étaient donnés rendez-vous sur La Côte pour bouger au rythme de leur musique favorite.

Tout ce beau monde – souvent vêtu d’un jeans et d’une chemise à carreaux, coiffé de chapeaux cow-boys et chaussé de santiags – s’est retrouvé samedi pour célébrer les vingt ans des Happy Boots, une association vaudoise autour de la culture country.

Make Romandie great again

Au programme, cours de line dance (un dérivé de la danse country), country and western buffet et concerts dance night. Les passionnés de l’Ouest américain sont venus en nombre pour enchaîner les activités. “C’est notre soirée, mais elle réunit toutes les écoles des cantons romands”, nous confie Claudine Kopp, 78 ans et co-organisatrice de ce Country Day.

Les apprentis cow-boys ont pu participer à un cours de line dance durant l’après-midi.

Malgré la venue de participants de tous les horizons, la country reste un petit monde en Suisse romande. À table, on salue de la main les connaissances, croisées à la fête de l’un ou l’autre des clubs de la région. Car la country, c’est avant tout “un grand lien social”, dixit Béatrice Gygax, 73 ans et autre co-organisatrice de la soirée.

Et la retraite anticipée?

Pendant le repas, on cause aussi retraite anticipée et réforme de l’AVS. Le jeune public se fait rare. Guillaume, 37 ans, fait presque figure de benjamin. “Effectivement la moyenne d’âge est assez élevée. Mais je ne me sens pas seul dans ce mouvement, ça me convient bien”, apprécie le trésorier des Happy Boots.

Ça ne va sûrement pas durer encore vingt ans.

Béatrice Gygax, co-organisatrice

Le mouvement est certes vieillissant et “pas vraiment à la mode”, confesse Guillaume. Mais qui perdure grâce au dévouement de personnes comme Béatrice Gygax et Claudine Kopp. Les deux septuagénaire tiennent la baraque depuis quinze ans déjà. “On va maintenant sur la line dance, qui plaît plus aux jeunes”, commence la deuxième nommée. “Même si ce n’est pas l’engouement total”, reconnaît-elle.

Le drapeau de la discorde

Malgré l’émergence de la danse en ligne, les deux amies sont conscientes de la perte de vitesse de la country en Suisse. “Les jeunes sont moins intéressés par cette musique. Ça ne va sûrement pas durer encore vingt ans”, concède Béatrice Gygax, que le rêve américain habite toujours.

L’American Dream paraît séduire de moins en moins la nouvelle génération. Pour le mouvement country, le défi est désormais de se renouveler. “Il y a des clubs plus jeunes dans la façon d’enseigner, de choisir les chansons”, nous explique Guillaume. “Quand d’autres sont un peu plus traditionnels.”

Le drapeau confédéré, symbole du mouvement suprémaciste blanc aux États-Unis, présent sur scène ce soir-là en est l’illustration. Même si son détenteur assure “ne pas avoir d’arrière-pensée” en l’affichant, même si “ça en a fait tiquer deux ou trois”. Il s’agit peut-être de commencer par s’ouvrir pour, un jour, espérer se refaire une jeunesse.

Par Thomas Freiburghaus
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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