Culture – Les difficultés financières de la ville de la Chaux-de-Fonds ont fortement affecté sa scène culturelle. En conséquence, elle trouve ses soutiens ailleurs, comme c’est le cas avec le bar associatif « Le Vostok », qui fête déjà ses 3 années d’existence.
C’est un samedi matin pluvieux sur la Métropole horlogère. Même si le temps n’en donne pas l’image, c’est un jour de fête : cela fait trois ans que l’association du bar « Le Vostok » a vu le jour. Concerts, repas et spectacles pour petits et grands vont se suivre pendant la journée. La soirée, quant à elle, s’annonce bien arrosée.
Fondée par un groupe d’amis, cette association est née pour « sauver » ce bistrot emblématique de la Chaux-de-Fonds. Le lieu existe depuis près de soixante ans et, en 2016, il est devenu le premier commerce associatif de la ville.
Un modèle économique au service de la culture
Bien qu’il poursuive un but non lucratif, le groupe s’investit pour la scène culturelle de la ville. « Le Vostok » appartient au damier d’associations qui fait vivre cette culture, aux côtés du Laboratoire Autogéré de Création (LAC) ou encore de Quartier Général (QG), pour ne citer que les plus connues.
Ilinka Guyot, laborantine à La Chaux-de-Fonds mais aussi caissière de l’association, précise que c’est ce modèle économique qui permet une présence aussi active dans la ville. « Cela nous permet d’avoir plus de monde disponible, mais aussi d’organiser des concerts, activités ou expositions, qui ne nous obligent pas à faire absolument du bénéfice. » Ce modèle associatif se dispense d’un certain nombre d’obligations financières qui sont normalement considérées pour l’organisation d’un évènement.
Les problèmes financiers de la Ville
Pourtant, cette scène culturelle est encore marquée par les complications financières de la ville. Depuis 2015, elle traverse des difficultés qui ont fortement impacté sa contribution aux associations, d’autant plus qu’elle voit sa population baisser.
Ces lieux associatifs participent clairement au développement de la culture de la ville et mettent en avant tout un espace culturel différent, alternatif, qui rend notre ville attractive où les gens ont envie de venir. Fabien Fivaz, Conseiller national
Les associations cherchent ainsi à combler ce vide et contribuer à rendre la Métropole horlogère plus attrayante, comme le souligne le nouveau Conseiller national, Fabien Fivaz:
Tradition libertaire de La Chaux-de-Fonds
La ville n’en est pas à sa première crise. Ses habitants ont cherché des moyens de faire vivre leur ville, dans un esprit libertaire, bien présent dans cette cité ouvrière.
Ancrées dans cette tradition, les associations comme « Le Vostok » permettent à ses membres, ses habitués ou son public, d’avoir une vie un peu plus variée, comme l’explique Nathan qui, à côté du bar, travaille dans un cabinet de physiothérapie : « Je trouve bien qu’à part notre travail la journée, on puisse venir servir le soir ou les samedis matins, d’avoir des discussions un peu autres que celles qu’on a habituellement au boulot et de faire ça avec des amis et des gens d’une culture qui nous est propre. »
Ce sont peut-être les associations qui donnent un nouvel élan à la scène culturelle mais aussi à la population de la « ville manufacture », comme l’a appelée Karl Marx. Comme quoi, l’énergie d’entreprendre ne tient pas forcément compte du profit.
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.