« Make it a green peace » : bilan des 50 ans de Greenpeace

C’était il y a un demi-siècle que l’association militante a vu le jour. « Make it a green peace ! », c’est la phrase prononcée lors d’un concert en 1970 par un membre de ce qu’allait devenir, en quelques années, une organisation mondialement connue. Un anniversaire qui permet de mettre en lumière les batailles et succès de ce rassemblement d’hommes et de femmes engagées qui luttent pour la préservation de l’environnement. Une chose est sûre: l’organisation n’a pas perdu son élan. Le point fort de Greenpeace? Marquer les esprits avec des actions visuellement inédites. Revenons sur cinq actions qui ont marqué chaque décennie. 

1. 1971, Alaska – Empêcher le nucléaire

50 ans de Greenpeace depuis 1971
Militants en 1971 au départ de la première mission de Greenpeace contre les essais nucléaires. @Greenpeace

Un rêve utopique devenu réalité. Au tout début, pas de grands effectifs ni de moyens financiers. Le concert de 1970 a pour but de récolter l’argent nécessaire pour le carburant du voyage en bateau prévu l’année suivante. Un bateau et douze jeunes hommes révoltés. C’est ainsi que commença le long périple de la désormais célèbre association militante. Leur objectif? Annuler les essais nucléaires prévus par les Etats-Unis sur l’île d’Amchitka au nord de l’Alaska. Une première action symbolique qui porta ses fruits puisque pas moins d’une année plus tard, en 1972, les Etats-Unis abandonnèrent l’idée du programme nucléaire. Les campagnes menées par navire sont depuis devenues partie intégrante de l’ADN de Greenpeace.

2. 1982, Canada -Sauver les phoques

1982 – Action de Greenpeace au Canada pour teindre les phoques d’un colorant naturel pour empêcher qu’ils soient chassés. @Greenpeace

Pas moins d’une décennie et quelques actions plus tard, on retrouve des dizaines de militants au Canada. Asperger les phoques d’un colorant rouge afin de dissuader les chasseurs de s’attaquer aux animaux pour leur précieuse fourrure, c’est une idée originale qui a été un succès! L’équipage s’est agrandi et navigue désormais à bord du Rainbow Warrior.

3. 12 juin 1998, Taj Mahal, Inde – Contre les essais nucléaires

1998, Action avec montgolfière devant le monument Taj Mahal en Inde pour militer contre essais nucléaires. Source: 20min

En 1998, l’équipe de Greenpeace lutte contre les essais nucléaires en Inde. Le lieu était bien trouvé. L’un des plus imposants et majestueux monuments au monde, le Taj Mahal, a assisté en 1998 au départ d’une montgolfière arborant une bannière « Le désarmement nucléaire, maintenant ! ». Le ballon s’est envolé 200 mètres au-dessus du sol et s’est approché au plus près du monument indien, pour dénoncer les trois essais nucléaires qui avaient été conduits en mai 1998 à 45 kilomètres de la ville de Pokhran.

4. 2006, Rio de Janeiro – Sauver la biodiversité au Brésil

2006, Banderole sur le Corcovado, à Rio de Janeiro, pour la préservation de la biodiversité au Brésil. Source: Reporterre

Douze années se sont écoulées depuis l’action menée en Inde. Greenpeace maintient son goût pour les monuments historiques et les actions symboliquement fortes. Suspendus sur le majestueux Christ de Rio de Janeiro, quatre activistes-alpinistes accrochent une large banderole clamant « le futur de notre planète repose entre vos mains ». Une image puissante faisant référence aux bras grands ouverts de la statue du Christ. L’action impressionnante a été menée dans le cadre de la Convention pour la diversité biologique et écologique organisée dans la ville de Curitiba au Brésil en 2006.

5. 15 décembre 2015, Paris, Arc de Triomphe – Passer aux énergies renouvelables

Nous retrouvons les militants engagés de Greenpeace à Paris, le 11 décembre 2015. La date de l’action n’est pas choisie au hasard. La tant attendue COP21 touche à sa fin et les gouvernements se mettent d’accord. L’association désire marquer le coup en recouvrant les routes de l’Arc de Triomphe d’une peinture faite d’eau et de colorants végétaux pour inciter les dirigeants à la transition énergétique.

Suspendus au-dessus du vide, deux militants funambules accrochent pendant ce temps une large banderole sur l’imposante porte de pierre, symbole de la capitale française.

2015, Paris. Arc de Triomphe entouré de colorants pour rappeler aux autorités
l’importance de la transition écologique pendant la COP21- Source: Twitter

Ces cinq actions ont marqué les esprits avec des images fortes. Si l’association a commencé par lutter contre le nucléaire, petit à petit les causes se sont diversifiées. Greenpeace s’est démarqué avec des actions chocs pour protéger les animaux marins, en particulier les baleines et les phoques. Les luttes ont évoluées et depuis les années 2000, les missions se concentrent davantage sur la préservation de la biodiversité (déforestation) et la transition vers les énergies renouvelables.

Sur le graphe ci-dessous, on voit que sur 100 actions, 22 d’entre elles ont été menées contre la pollution, 21 contre les énergies fossiles (pétrole, charbon) et 18 contre le nucléaire.

Ces luttes ont été menées au fil des décennies aux quatre coins du globe, mais comme illustré sur la carte ci-dessous, la majorité se sont concentrées dans des pays industrialisés, en particulier en Europe et aux Etats-Unis. Découvrez les différentes missions de Greenpeace entre 1971 et 2021, représenté ci-dessous en vert.

Très peu d'actions se sont déroulées en Afrique et celles en Asie ont eu lieu plutôt après les années 2000. La concentration des actions est corrélée avec le développement des bureaux de Greenpeace au fil des décennies. Comme on le voit ci-dessous, les bureaux de Greenpeace se concentrent majoritairement en Europe. Les bureaux en Asie se sont particulièrement bien développés depuis les années 90 et 2000 tandis qu'en Afrique, ils sont apparus plus tardivement dans le courant des années 2000 et restent très minoritaires.

Pas de traces de Greenpeace au Moyen-Orient, mis à part la présence de bureaux au Liban, en Israël ainsi qu'en Turquie. A l'image des actions effectuées par Greenpeace, l'Afrique n'est pas aussi représentée que les autres continents. Greenpeace explique que les premières campagnes d'actions en Afrique ont eu lieu en 1999 au Cameroun pour lutter contre les déforestations massives. Ce n'est qu'en 2006 que le premier bureau est ouvert en Afrique du Sud. Alors qu'il s'agit du continent qui contribue le moins à la pollution mondiale, l'Afrique est le continent le plus touché par les conséquences du dérèglement climatique.

Voyager d'un bout à l'autre du monde et réaliser de tels exploits nécessitent beaucoup de temps, d'organisation et de... carburant. Malgré sa lutte inconditionnelle contre le réchauffement climatique, qu'en est-il de la pollution inévitable engendrée par les actions de Greenpeace ces dernières années ?

En l'espace de dix ans, Greenpeace à réussit à réduire de moitié la quantité de CO2 émise lors de ses missions. Les véhicules routiers produisent quant à eux quatre fois moins de CO2 que dix ans auparavant. Un progrès positif et annonciateur d'une réelle volonté de la part de l'organisation d'être en accord avec ce qu'ils prônent et défendent. On constate par contre la curieuse augmentation d'utilisation d'hélicoptères en l'espace de dix ans, dont les émissions carbone ont triplé. Mais la quantité de carbone émise par les hélicoptères restent toutefois faible, 150 tonnes de CO2 par rapport à 4'500 tonnes par les transports maritimes. Les navires sur les océans sont, depuis le début de Greenpeace, le transport le plus utilisé pour ses missions.

Cinquante ans d'histoires et de luttes, des milliers d'actions et des centaines de succès derrière le dos... L'organisation n'a pas fini de faire parler d'elle! Avec la création de cette courte vidéo récapitulative, Greenpeace a voulu transmettre un aperçu de son oeuvre à l'occasion de son cinquantenaire. Une minute trente d'images, c'est peu comparé à l'étendu de l'ouvrage. Mais... "une image vaut mille mots", n'est-ce pas la stratégie que Greenpeace a toujours adoptée?

Par Liana Menétrey et Pauline Bienfait

Crédit image mise en avant: Archives Greenpeace

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours "Publication, édition et valorisation numérique", dans le cadre du master en journalisme de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel.

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