Être femme et journaliste: un risque à prendre

Les femmes journalistes face au danger.

Le journalisme est un métier qui se féminise de plus en plus. Dans une profession déjà soumise à des fortes pressions, les femmes font face à des risques particuliers.

D’après Reporters sans frontières (RSF), 66 journalistes ont été tués en 2018 et actuellement 167 sont emprisonnés. La liberté de la presse est attaquée partout dans le monde et les journalistes en sont les premières cibles. Ces derniers qui enquêtent sur des sujets qui gênent subissent des menaces, des intimidations et risquent parfois d’être emprisonnés, de disparaitre ou d’être assassinés.

Dans un métier qui se féminise de plus en plus, les femmes sont également confrontées à ces dangers. Toutefois, elles les vivent de manière encore plus exacerbée. Parce qu’elles sont des femmes, les attaques prennent souvent des formes basées sur leur genre. D’après un rapport de 2014 de la Fondation internationale des femmes pour les média (IWMF), une journaliste sur cinq dit avoir subi des violences physiques en lien avec son métier, souvent par des inconnus dans une foule, des politiciens, des soldats et même des interviewés. 14,5% des journalistes interrogées déclarent également avoir été victimes de violence sexuelle.

Pour tenter de faire taire ces femmes, des campagnes de diffamation et harcèlement sont menées en ligne. Un autre rapport de la IWMF daté de 2014 signale également que presque un tiers des femmes journalistes pensent à quitter le métier à cause des attaques et menaces qu’elles subissent sur le web.

Selon Reporters sans frontières, la motivation des attaques est parfois liée à une perception de transgression: « Le simple fait d’être une femme journaliste peut être considéré, dans certaines sociétés, comme ‘contraire aux normes sociales’ et être à l’origine de représailles“.

Un cas symbolique

Le cas de la journaliste suédoise Kim Wall torturée et assassinée en 2017 par l’inventeur danois Peter Madsen dans son sous-marin près de Copenhague est emblématique. Cette dernière avait l’habitude de travailler dans des endroits instables, tel que la Corée du Nord ou Haïti, et a trouvé la mort comme tant d’autres femmes sous les coups de la violence masculine. C’est la journaliste Alice Driver qui soulève ce point dans son éditorial publié sur Women in the World.

« Nous sommes obligées de mesurer le danger dans des situations courantes et de balancer si on peut continuer une mission à cause des menaces subtiles ou des insinuations venant des hommes », explique-t-elle.

En effet, les femmes ne sont pas en danger uniquement dans les situations extrêmes, mais prennent un risque dans leur quotidien par le simple exercice de leur métier. Une situation intolérable qui demande une prise de conscience collective qui permette aux femmes journalistes d’exercer leur métier sereinement.

Image de titre: ©JAM

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