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Éducation: des enseignants de la HEP Vaud défendent l’école dehors

Des enseignants de la HEP Vaud réfléchissent à comment apprendre en extérieur.

Lors d’un weekend, des enseignants de la HEP Vaud sont partis à Lavaux pour échanger sur l’« éducation en extérieur ». Derrière ce rendez-vous, un constat troublant: les élèves auraient un rapport « problématique » à l’environnement.

Des enseignants qui fabriquent des tyroliennes où sont suspendues des courgettes!

Cette scène n’est pas tirée d’un film, mais bien d’un workshop organisé par la HEP Vaud sur  « l’éducation en extérieur » en octobre dernier. A travers cette expérience concrète, les participants ont pu mieux comprendre comment enseigner en dehors des classes.

Cette pédagogie alternative vise à former les adultes de demain en les sensibilisant à leur environnement direct. Ainsi, on peut apprendre du droit en visitant une prison, de la physique en observant le dénivelé d’une pente, ou encore de l’économie en rencontrant des commerçants touchés par la crise. Tout cela dans une optique de durabilité.

À écouter: Christian Henchoz, membre de la cellule de durabilité du DFJC  (Département de la formation, de la jeunesse et de la culture) explique ce qu’est la durabilité et son lien avec l’éducation au développement durable (EDD).

Un rapport problématique à l’environnement

Selon certains enseignants, les élèves sont en total décalage avec les enjeux mondiaux actuels, tels que le dérèglement climatique, ou l’épuisement des ressources naturelles.

C’est impressionnant de voir qu’il y en a qui n’ont jamais vu une forêt, ou qui ne savent pas ce qu’est une vache.

Nadia Lausselet, chargée d’enseignement

Au delà d’une ignorance sur le monde qui les entoure, c’est la forme physique des élèves qui s’affaiblit. L’éducation en extérieur vise aussi à ce que les jeunes apprennent à réutiliser leur corps.

Pour la première fois en 20 ans, j’ai dû apprendre à marcher à une élève de 14 ans.

Ismaël Zosso-Francolini, enseignant d’Histoire

D’après le professeur, l’hyper-connectivité et l’urbanisation poussent les élèves vers une sédentarité extrême.

Laisser une place au numérique

Les partisans de cette pédagogie semblent de prime abord critiquer l’hyper-connectivité chez les jeunes et s’opposer aux nouvelles technologies. Cependant, Alain Pache, didacticien à la HEP Vaud, explique “qu’il faut vivre avec son temps, mais aussi avoir comme objectif un monde plus juste, plus durable, plus équitable”. Il ne s’agit donc pas d’une opposition ferme au monde du numérique, mais d’une volonté d’en ré-équilibrer l’utilisation. Le but: permettre un avenir plus serein aux futures générations.

Pour se former à l’éducation en extérieur, les enseignants utilisent des outils numériques.

Une ombre au tableau

Malgré ses airs révolutionnaires, l’éducation en extérieur n’est pas encore acceptée partout. Les enseignants qui souhaitent adopter cette pédagogie se voient souvent refuser leurs propositions et sont poussés à rejoindre des écoles privées.

«Cette problématique est actuellement discutée à la HEP, souligne Nadia Lausselet. Nous croyons en l’école publique et voulons que cette offre reste accessible à tous.»

Nora Foti

Ce travail journalistique a été réalisé dans le cadre du cours “Écritures Informationnelles” de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

Avec le soutien de la fondation Jordi pour le journalisme.

Photo à la une: Nora Foti

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