Commentaire – Une balle de tennis lancée à 200 km/h dans les locaux de Crédit Suisse peut-elle sauver la planète ? Vous avez 4 heures.
Présentée sous cette forme, la question peut paraître absurde, certes. Pour les militants du climat, le sens d’un acte comme celui-ci dépasse l’apparence qu’il revêt. Cette manière d’agir, de se faire entendre, de pratiquer le militantisme, c’est la désobéissance civile. Publique, parce que dévoilée. Pacifique, parce que non-violente. Assumée, parce que consciente des risques encourus.
La désobéissance civile est la violation délibérée d’une loi, lorsque celle-ci est considérée comme injuste ou menace un droit fondamental. Mais alors, qu’advient-il de tout ça lorsque les citoyens possèdent le droit de se manifester et d’influencer la Constitution et les lois fédérales grâce aux initiatives et aux référendums ?
La démocratie confère des opportunités, c’est vrai. Toutefois, si l’on se penche sur la réalité des procédures, la justice suisse enseigne plutôt à l’école de la patience, voire de la lenteur. Une caractéristique prêtée aux Suisses, garants d’une cohésion nationale, certes, mais incompatible avec l’urgence climatique actuelle.
Un système judiciaire à la « vitesse croisière » que les militants sont bien déterminés à secouer. Des échos médiatiques pour se faire voir, des procès à répétitions pour se faire entendre, jusqu’à un appel à la Cours européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour faire reconnaître l’état de nécessité, pas plus tard que ce vendredi 5 novembre.
« Il y a la stratégie des actions et la stratégie des procès » l’a rappelé le militant d’Extinction Rebellion, Antoine Thalmann. Alors, tant que la Suisse ne reconnaît pas la notion de danger imminent et l’urgence climatique, la justice helvétique n’a pas fini d’en découdre avec les militants du climat.
Par Eva Lombardo
Crédits photo © KEYSTONE ATS
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Atelier presse”, dont l’enseignement est dispensé collaboration avec le CFJM, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.