Le constat est sans appel : la pandémie a marqué un temps d’arrêt pour le trafic aérien. En début d’année, l’Organisme de surveillance du trafic aérien repoussait à 2025 son estimation d’un retour aux chiffres d’avant Covid. Pourtant, en Suisse, le nombre de passagers dans les aéroports suisses s’approche déjà des niveaux pré-pandémie.
Les aéroports suisses ont de quoi sourire! 2022 a marqué la reprise du trafic aérien, après deux années catastrophiques en raison de la crise sanitaire. Les chiffres des aéroports de Genève et de Bâle-Mulhouse sont réjouissants. La fréquentation de l’année 2022 représente respectivement 78,7% et 77,6% de la fréquentation de 2019. En revanche, Zürich est un peu plus à la traîne. Le plus grand aéroport du pays n’a retrouvé que 71,6% de son niveau pré-Covid.
Du côté de Genève, l'aéroport a enregistré une hausse de passagers plutôt stable depuis 2014. Avec les restrictions liées à la pandémie, l’année 2020 marque une perte d’environ 86% des voyageurs. En 2022, la barre des dix millions de passagers annuels est largement dépassée. Au vu de ces chiffres, difficile de croire qu’il faudra attendre 2025 pour effacer ces pertes. Dans son rapport annuel de 2022, Genève Aéroport prévoit un retour à la normale d’ici un mois, en mai 2023.
Le sud de l'Europe a la cote
Cette chute du nombre de passagers au départ et à l’arrivée de Genève Aéroport est d’autant plus visible lorsque l’on observe le nombre de voyageurs par destination. Il semble que la plupart des villes ont subi les conséquences de la pandémie en 2020, avant de voir leurs courbes remonter gentiment l’année suivante. Pourtant, on voit que Londres fait face à un double pic : l’arrêt forcé du trafic aérien en 2020, auquel s’ajoute une descente toujours plus basse en 2021.
À l’exception de quelques villes telles que Lisbonne ou Porto qui ont été légèrement moins impactées, toutes les destinations suivent des tendances similaires, perdant environ 70% de leurs voyageurs en comparaison à 2019. Les États-Unis ayant instauré de fortes restrictions d’entrée sur le territoire américain aux touristes étrangers, il n’est pas étonnant que New-York ait été la ville la plus touchée de notre sélection.
Moscou n’est pas en reste. Déjà affaiblie par la crise sanitaire, le trafic aérien de la capitale russe est actuellement victime de la guerre en Ukraine. Suite à l’invasion de l’armée russe en février 2022, l'Union européenne et la Suisse avaient fermé leurs espaces aériens aux avions en provenance de Russie, ce qui explique que le nombre de passagers n'a cessé de diminuer.
La situation en 2020 était plus qu’alarmante. Malgré tout, les chiffres de 2022 sont encourageants. On voit effectivement que des villes comme Lisbonne ou encore Nice ont déjà repris leur rythme de croisière. Istanbul voit même débarquer plus d’un tiers de voyageurs supplémentaires, comparé à l’année 2019.
A l’inverse, des villes comme Zürich ou Francfort font toujours face à un défaut de passagers par rapport à 2019. Même si ces baisses ne sont pas à négliger, cela paraît réaliste de combler ces retards d’ici 2025 comme le prévoit l’Organisme de surveillance du trafic aérien. En tenant compte du fait que la pénurie de travailleurs a entraîné un grand nombre d’annulations de vols en 2022, il ne fait pas grand doute que la situation en 2023 retrouvera déjà les niveaux globaux de 2019.
2023 sourit à l'aviation
Du côté des compagnies aériennes, la situation dépeinte jusqu’à maintenant semble identique. Toutefois, de légères différences peuvent se faire sentir. Le trafic aérien d’Easyjet a pratiquement retrouvé un niveau de voyageurs stable, avec 87% de touristes regagnés en comparaison à 2019. Toutefois, la situation est plus délicate pour AirFrance et Swiss qui enregistrent respectivement des pertes de 25% et 35%.
Et qu’en est-il pour 2023? Genève Aéroport enregistre 15% de voyageurs en moins pour le mois de mars par rapport à mars 2019. Pour mieux se rendre compte de cette reprise de l’activité, les chiffres de 2022 sont très parlants : en mars de cette même année, il y avait une différence de plus de 29% de passagers par rapport à 2019. Si l’Office de surveillance du trafic aérien ne prévoit un retour à la normale que pour 2025, les statistiques de Genève Aéroport ne corrobore donc pas cette prévision et semble prévoir un retour plus rapide à la normale.
Méthodologie :
Nos données sont issues des rapports annuels des trois aéroports suisses.
Les quinze destinations mises en évidence correspondent aux quinze destinations les plus populaires de l’année 2013. Les top 15 des autres années n’ont pratiquement jamais vu l’une de ces destinations disparaître du classement.
Par Alessia Merulla & Maxime Crevoiserat
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Datajournalisme et méthodes quantitatives pour le journalisme”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.