ÉDITORIAL La prospective… absurde pratique s’il en est. Après tout, l’expérience nous démontre chaque jour à quel point le futur est hors de notre portée. On a beau pronostiquer, conjecturer, calculer… Rien n’y fait, l’avenir demeure inexorablement fuyant. Cependant, il semble que l’on ne puisse se résoudre à réfréner cette manie.
Déjà, parce que nous ne sommes pas des êtres rationnel.les, malgré ce qu’on voudrait bien croire. Mais surtout, parce que l’incertitude nous fait peur. L’incertitude, c’est le danger. L’incertitude, c’est la mort. Alors, pour se rassurer, nous prédisons, nous pressentons et surtout… nous rêvons.
Je me plais à croire que la prospective est surtout une excuse pour projeter sur une notion abstraite nos fantasmes d’avenir et, ce faisant, nous aider à transcender ce présent chaotique que l’on contrôle si peu. La prospective, c’est de l’urbanisme, c’est la météo, c’est cette étincelle qui nous pousse à enregistrer les sons qui disparaîtront demain pour les laisser à la postérité. La prospective enfin, c’est le refus de capituler devant cette incertitude rocheuse dans laquelle, à la manière des chercheurs d’or d’antan, on peut trouver des trésors.
À mon sens, il faut se réjouir de cette obsession absurde car elle est l’une des traces les plus flamboyantes de notre humanité.
Le futur, on le prévoit, précisément parce qu’on ne saurait le voir.