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Les footballeurs romands à la hauteur, les clubs non

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Les performances des clubs romands de Super League sont-elles en accord avec la valeur de leurs joueurs? Décryptage à l’aide de quelques statistiques.

Au sein de la Super League, l’argent ne semble pas pleinement faire le bonheur du camp romand. Si l’on en croit l’importante base de données en accès libre Transfermarkt, les effectifs de Suisse francophone ont tendance à sous-performer par rapport à leurs valeurs marchandes en euros, estimées par le site allemand au moins deux fois par saison.

En effet, les clubs romands, à l’instar de Neuchâtel Xamax, du Lausanne-Sport et du FC Sion, s’en sortent moins bien que leurs homologues alémaniques lorsque nous comparons les points qu’ils ont récoltés au cours des cinq dernières saisons de Super League avec leur valeur marchande au cours de la même période. Le Servette FC fait figure d’unique exception parmi les Romands, en sur-performant au regard de ces critères.

Un constat qu’il s’agit de modérer d’après Raffaele Poli, responsable du Centre international d’étude du sport (CIES). Ce dernier explique que les clubs romands ont tendance à engager des joueurs davantage expérimentés et donc plus âgés, avec des contrats de courte durée. “Ces critères participent à la diminution de la valeur de ces athlètes”, détaille le spécialiste.

Les effectifs suisses alémaniques, quant à eux, ont tendance à afficher des niveaux de performance plus élevés que ce que suppose la valeur marchande de leurs effectifs. Seuls Grasshopper et le FC Bâle dérogent à la règle et devraient figurer, relativement à leurs statuts sur le marché, en meilleure position.

Mbabu et Amdouni ne sont pas les seules vedettes romandes

Si les équipes romandes sont à la traîne, les joueurs de Suisse francophone ont quant à eux la cote. Ces derniers sont d’ailleurs autant nombreux (8) que leurs homologues alémaniques parmi les 30 footballeurs les plus cotés du championnat sur le site Transfermarkt, malgré un bassin de population presque trois fois plus grande. Le milieu de terrain bernois Fabian Rieder domine ce classement avec une valeur marchande de 12 millions d’euros. Néanmoins, des joueurs romands tels que les Genevois Kevin Mbabu et Zeki Amdouni (5 millions chacun) occupent également le haut du tableau.


D’autres figures de proue du football romand complètent cette liste. En effet, le Genevois Becir Omeragic (4,5 millions), qui, selon la Tribune de Genève, devrait rejoindre Montpellier la saison prochaine, ainsi que Cédric Zesiger (4 millions), défenseur fribourgeois du champion en titre Young Boys font partie des protagonistes les plus chers du championnat, selon Transfermarkt.  Ce constat n'étonne pas Raffaele Poli qui estime que les clubs romands possèdent généralement de bonnes structures de formation.


Si les Romands font partie des joueurs les plus côtés du championnat, il disputent cependant pour la plupart des matchs sous les couleurs de clubs alémaniques. "Le problème, c'est que les résultats n’encouragent pas les joueurs à rester dans les clubs romands qui, d’une manière générale, ont une mauvaise politique de valorisation et un environnement peu stable", explique le responsable du CIES. Et de conclure que "les clubs francophones font face à une perte d'attractivité aux yeux des fans et des sponsors potentiels".

A l'origine de l'évaluation des valeurs marchandes
Parmi les facteurs principaux pris en compte par Transfermarkt pour évaluer la valeur marchande des joueurs, sont cités l’âge du footballeur, ses performances en club et en équipe nationale, sa réputation, son potentiel de développement, le niveau de la ligue dans laquelle il évolue, sa vulnérabilité aux blessures et son expérience. Les valeurs réelles des transferts, les durées de contrat et les salaires des joueurs ne sont pas considérés dans ce calcul, précise Transfermarkt sur son site. Ces données n’ont donc pas été retenues dans cet article. Selon Raffaele Poli, la base de données allemande n'adapte ses valeurs qu'à la suite des transferts effectués, tandis que le Centre international d'étude du sport (CIES) évalue en continu les cotes des joueurs. Les chiffres présentés dans cet article ne sont donc pas forcément représentatifs de la valeur réelle des clubs en question, mais ils donnent tout de même un bon aperçu de la situation dans son ensemble.


Par Samuel Bonvin et Thomas Christen

Crédit photo: servettefc.ch/Marc Delacrétaz

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours "Datajournalisme et méthodes quantitatives pour le journalisme" dans le cadre du master en journalisme de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel.

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