Le tir sportif est un exemple parfait des effets que la dimension psychologique peut avoir sur les performances. Ce sport fait partie de ceux ou le physique ne joue pas un rôle prépondérant sur les résultats. Le mental par contre, c’est une toute autre histoire.
Samedi 12 octobre, 8h00. Prenons deux tireurs parmi les 84 présents à Payerne pour le championnat Romand Jeunes Tireurs (JT) 2019. D’un côté, Andy Baumgartner, champion romand JT 2018. De l’autre, Alexandre Wehrlen, première participation. 3 heures 30 plus tard, Alexandre l’emporte tandis qu’Andy termine dernier. Des destins bien différents pour les deux jeunes. Toutefois, ils s’accordent tous les deux sur le même point; le tir c’est dans la tête.
Il faut un mental d’acier pour réussir dans le tir
Le mental joue un rôle très important. Les tireurs doivent être capables de puiser au plus profond de leurs ressources mentales. Lorsqu’un tireur se met en place pour tirer, il doit pouvoir faire le vide dans sa tête. Il doit être en mesure d’éliminer toutes les pensées parasites qui pourraient le déconcentrer dans sa séquence de tir.
Selon Andy Baumgartner, le mental c’est entre 60% et 80% du tir.
Les tireurs ont tendance à dire que “chaque coup est un match.” L’adage est simple mais extrêmement vrai; tout peut se perdre en un seul coup. Une respiration mal maitrisée, une pression différente sur la détente. Une fois le coup parti, rien ne peut plus le retenir. Il faut donc être capable de réaliser scrupuleusement la même procédure à chaque fois. Pour ça, il faut être concentré du début à la fin.
Résister à la pression est primordial
Les finales sont les cas les plus frappants pour démontrer les capacités de chacun concernant sa gestion de la pression. L’atmosphère est différente. Il y a plus de public et chaque tireur est en compétition directe avec celui qui est à sa gauche ou à sa droite. La tentation de regarder leurs résultats en tournant légèrement la tête est donc forte. Cependant, pour être le plus performant, il faut savoir rester concentré sur soi-même.
Alexandre nous explique d’ailleurs ce qu’il a ressenti lors de la finale avec les dix meilleurs jeunes tireurs de la phase de qualification.
Une dernière composante importante, la confiance
Une autre facette du mental est la confiance en soi et en ses capacités. Ce n’est pas tout de faire une fois un bon résultat, il faut être capable de le reproduire. Les deux champions ont d’ailleurs exprimé ce fait.
“Quand on fait des bons résultats, il est plus facile d’en faire. Tu te poses moins de questions sur ton tir.” Alexandre
L’inverse est tout aussi vrai. Ce n’est malheureusement pas Andy qui dira le contraire. Le jeune homme, qui enchainait les excellentes performances en 2018, n’a pas retrouvé les ingrédients de son succès pour cette année.
“Je n’ai plus les bonnes sensations. Le cercle vicieux marche aussi dans ce sens. Dès que ça commence à moins bien aller, on chercher à comprendre ce qui ne va pas. On commence à se poser plein de question et on se prend trop la tête.” Andy
Ceci explique peut-être sa contre-performance de cette année alors qu’il avait remporté le championnat en 2018.
Crédit photo en une : Rohrbasser Frank
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.