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Quelles sont vos chances de mourir sur les pistes de ski ?

La station de ski tessinoise Carì ouvre ses portes lors de la saison de ski 2020, tandis que la REGA s'attelle à l'un de ses premiers sauvetages. crédits : Keystone/Alessandro Crinari

Pour beaucoup de Suisses, le ski alpin est un sport qui fait partie intégrante des vacances d’hiver. Mais qui dit sport dit blessure et le ski n’épargne pas ses aficionados. Mode d’emploi statistique pour limiter la casse.

Parmi tous les sports d’hiver, le ski alpin est le plus dangereux. Selon les statistiques de l’assurance-accidents LAA, publiées en octobre 2023, plus de la moitié des accidents de sport d’hiver amateurs sont attribuables au ski alpin. Malgré ce chiffre alarmant, ce sport garde une place centrale dans l’activité sportive des Suisses. En témoigne le recensement des visiteurs des stations de ski  établi par les Remontées Mécaniques Suisses. 

Récoltées auprès de 136 stations de ski suisses, ces statistiques attestent que 22,3 millions de skieurs et skieuses se sont rendus sur les pistes helvétiques lors de la saison 2022-2023. Une fréquentation toujours élevée, bien qu’une baisse de 12,2% ait été enregistrée par rapport à la saison précédente. Nous pouvons observer un pic de fréquentation au sortir de la pandémie (saison 2021-2022).

Si la saison précédente a moins attiré la foule, la fréquentation des pistes reste élevée au regard des 5 dernières années, avec une baisse de seulement 2,2% sur la moyenne quinquennale. Ce chiffre peut également être pondéré par les mauvaises conditions météorologiques dont la saison 2022-2023 a souffert.      

Le ski alpin n’a donc pas perdu en popularité. Si ce sport est très apprécié, il est également le plus dangereux des sports de neige selon les statistiques du Bureau de prévention des accidents (bpa).  

En 2021, le BPA a recensé 25’991 blessures en ski alpin. C’est quatre fois plus que le nombre de blessures attribuées au snowboard, discipline qui prend la deuxième place du podium des sports d’hiver les plus dangereux. Le nombre de skieurs est significativement plus élevé que le nombre de snowboardeurs, ce qui peut expliquer la première place du ski. Toujours est-il que le ski alpin reste un sport à risques qui peut parfois être responsable de blessures graves, voire mortelles.

En 2022, le nombre de blessures graves en ski alpin culmine au nombre de 3'568, selon le relevé annuel du BPA. C’est plus que le football qui prend, quant à lui, la tête du classement des sports les plus dangereux, toutes saisons confondues.

Où se blesse-t-on ?

Source : Bureau de prévention des accidents (bpa 2023) - Créé avec PowerPoint

La partie du corps la plus fréquemment blessée en ski est le genou, avec près d’un tiers de l’ensemble des blessures. En deuxième position, on retrouve les lésions de la partie supérieure de l’épaule, au niveau de la ceinture scapulaire. À noter également qu’il est fréquent de se blesser à plusieurs endroits lors d’une même chute. Le pourcentage total des zones de blessures dépasse donc les 100%. Ces blessures très fréquentes ne sont toutefois pas mortelles la plupart du temps.

Les blessures à la tête, en revanche, qui représentent 11.6% des blessures causées par le ski alpin, représentent les principales blessures graves ou mortelles occasionnées sur les pistes. De même, les lésions à la colonne vertébrale ont de graves conséquences, bien qu’elles ne représentent que 5% des blessures occasionnées par la pratique du ski. C’est pourquoi le BPA encourage le port du casque et d’une protection dorsale pour éviter ce type de blessures.

Alors que le port du casque est désormais une pratique courante, car 95% des skieurs en sont équipés, la dorsale peine encore à se faire une place. Seuls 15% des skieurs en portent une.    

Portrait robot du casse-coup en ski alpin

Mais sommes-nous tous égaux face aux blessures causées par le ski alpin? Différents paramètres entrent en jeu dans le recensement des blessures, à savoir le sexe ou l’âge des pratiquants. Aussi, les stations de montagnes attirent des pratiquants étrangers. Loin d’être majoritaires, ils participent toutefois au nombre de blessures recensées sur les pistes helvétiques.    

Le Covid a contribué à l’attrait des Suisses pour les sports de plein air. Si une augmentation de la pratique féminine a été relevée, les hommes restent les plus à risques, car 79% des blessures mortelles en ski alpin les concernent. Et ces drames qui surviennent sur les pistes de skis suisses concernent aussi les touristes étrangers qui viennent passer leurs vacances en Suisse, car ils sont victimes d’un quart des accidents mortels.

Tous pratiquants confondus, une tranche d’âge est particulièrement touchée par les accidents mortels. Il s’agit des quarantenaires, suivis de près par les quinquagénaires. Les sexagénaires, quant à eux, complètent le podium.   

Vous l’aurez compris, si vous êtes une femme, que vous avez moins de quarante ans et que vous portez un casque, vos chances de blessures, ou du moins de blessures graves, sont statistiquement limitées. Alors à vous les pistes de ski !  

Mais pas d'excès de zèle. Un danger vous guette toujours. Il s’agit des accidents domestiques, qui restent significativement plus élevés que les accidents de sport. Ils représentent plus de la moitié des blessures survenant dans un cadre non-professionnel et sont à l’origine de 86% des décès, selon le BPA. Descendre un escalier reste donc plus dangereux que de descendre une piste de ski.

Par Nina Devaux et Joyce Joliat


Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Publication, édition et valorisation numérique”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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