Les 18 et 19 octobre derniers, le théâtre neuchâtelois Tais-toi! accueillait la 14e édition du BAM! Burlesque show. Entre paillettes, rires et costumes arrachés, le burlesque cache en réalité une facette engagée. Questionnées, les artistes reviennent sur cette discipline qui fait trembler scènes et mentalités.
« Le burlesque, c’est une expérience intense autant sur la scène qu’émotionnellement », déclare Juliette Velvet, artiste et productrice du BAM! Burlesque show, avant de monter sur scène. Les cinq performeuses invitées à se produire au théâtre Tais-toi! racontent comment leur discipline de cœur affiche des revendications féministes à travers leurs corps dénudés.
L’art de provoquer ?
L’effeuillage burlesque, « c’est l’art de se dévêtir sur scène », expliquent les artistes du BAM! Tout au long du spectacle, ces femmes s’effeuillent, enlevant une pièce de costume après l’autre pour dévoiler leurs corps à l’aide de mouvements sensuels: épaules, hanches ou encore poitrines, tout y passe. Captant directement le regard, celles-ci jouent avec les attentes du public. Rythme effréné, lumière tamisée, fumée mystérieuse caractérisent alors la scène où sont disséminés les costumes. De prime abord, il se pourrait donc que le burlesque ait tout à voir avec le strip-tease.
Reprendre sa juste place
Malgré une ambiance visuelle pensée pour illustrer une forme de sensualité, le burlesque est en réalité une discipline artistique politiquement engagée. « Cet art permet de s’exprimer », dévoile Rebelle Bettie, l’une des artistes du BAM! aux inspirations rétros. Celle-ci explique que ce sont les valeurs féministes du burlesque et l’expression de soi par le mouvement qui l’ont initialement attirée.
Faire du burlesque s’ancre dans une démarche de développement personnel. On apprend à aimer son corps, à gagner confiance en soi et à se détacher des normes établies par la société. – Rebelle Bettie
Les artistes du BAM! sont toutes d’accord: leur discipline est profondément militante et se base sur la notion de pouvoir. « C’est une question de pouvoir. Tout est dans mon consentement. Je choisis de faire ce que je veux de mon corps et de mon être », exprime Rebelle Bettie. LaKatte, sa consœur, renchérit: « Il s’agit de s’autoriser à prendre de la place quand on est constamment censurée en tant que femme dans la société. »
Raconter une histoire
Alors bien plus que le fait de se dévêtir, l’effeuillage burlesque offre à celles qui le performent une manière nouvelle de raconter une histoire. La mise à nu, au sens propre comme figuré, est porteuse d’un narratif lié à l’univers de l’artiste ainsi qu’à l’histoire qu’elle cherche à transmettre dans son numéro.
Juliette Velvet, dans cette nouvelle édition du BAM! présente deux numéros: le premier thématise la dépression; le second, plus léger, illustre la transformation d’une rose en une dangereuse plante carnivore. À travers son spectacle, l’artiste révèle ainsi la profondeur du burlesque. Si cet art pourrait initialement être perçu comme une simple forme de provocation, il est en fait porteur de puissants messages. « Le spectacle est beau et transformateur. Ça me fait du bien de voir des femmes assumer leurs corps et en faire ce qu’elles veulent. Même si elles se déshabillent, les histoires qu’elles racontent sont touchantes. J’ai versé quelques larmes », témoigne finalement une spectatrice ayant assisté à son tout premier spectacle burlesque.