Une pénurie d’énergie plane sur la Suisse. Pour répondre à l’insuffisance énergétique et éviter des coupures d’électricité, la Confédération tente de trouver des solutions. Cette année, les importations sont limitées par le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Mais pourquoi l’éolien a-t-il de la peine à s’implanter en Suisse?
Les éoliennes utilisent la force du vent pour actionner des pales. Elles enclenchent ensuite un alternateur qui entraîne la production d’électricité. Leur structure métallique peut mesurer jusqu’à 100 mètres de haut et une seule d’entre elles permet d’alimenter environ 1000 ménages.
L’énergie éolienne couvre actuellement uniquement 0,2% des besoins en électricité en Suisse. Entre le début de l’été et la fin de l’automne, les besoins suisses sont en partie assurés par les centrales nucléaires et hydroélectriques. Durant l’hiver, le pays favorise les énergies étrangères, notamment, celles de France qui représentaient 60% des importations en 2021 selon la RTS. Plusieurs facteurs freinent l’approvisionnement étranger en partie à cause des réductions d’importation de gaz russes et les arrêts ou maintenances des centrales nucléaires de Suisse et de France.
Une opportunité manquée?
La première éolienne a vu le jour en 1986 dans le canton de Bâle-Campagne à Langenbruck. La Suisse compte à ce jour, 41 éoliennes en fonction, 6 en cours de construction, 128 en cours de validation et 146 en cours de planification. Une étude démontre que le potentiel de production d’électricité est estimé à 29,5 TWh par an, dont 19 TWh durant le semestre d’hiver.
Pourquoi ce potentiel n’est-il pas exploité ?
Des associations telles que Suisse Eole rassemble des membres afin de promouvoir le potentiel éolien dit écologique. De l’autre côté, des organisations comme Paysage Libre Suisse freinent les procédures en lançant des contre-projets pour favoriser la protection de la biodiversité. Les débats politiques font donc l’état d’un clivage entre des collectivités qui souhaitent limiter l’usage des énergies fossiles et les autres partis qui désirent préserver les milieux naturels.
Paradoxe et controverse, quels sont les enjeux ?
L’implantation de l’énergie éolienne ne fait pas l'unanimité en Suisse. L’un des arguments les plus discutés est celui de la protection de la biodiversité. Il se trouve même que des associations suisses opposées aux énergies fossiles sont aussi en désaccord avec l’éolien pourtant décrite comme verte, locale et renouvelable. Ces collectivités soutiennent la préservation de la biodiversité, car elles considèrent que les éoliennes sont un piège mortel pour les oiseaux et les chauves-souris. De plus, des études scientifiques dont les rapports de l’Office fédéral de l’énergie soulèvent que les éoliennes ont des impacts négatifs sur la faune, notamment en modifiant leur habitat naturel. Elles sont sources de pollution visuelle, sonore et produisent des interférences électromagnétiques.
La controverse actuelle : notre société est dans une indécision entre la lutte du changement climatique et la protection de la biodiversité. Cette biodiversité est difficile à penser et à intégrer dans nos manières de vivre. En effet, ce terme englobe des acteurs non-humains et donc différent de nous. Une autre controverse est présente dans l’usage du territoire. Pour les humains, l'espace est synonyme de production alors que pour les autres formes de vie, il signifie habitat. Le terme territoire n’aura pas la même définition pour les différents acteurs tels que les riverains, l’Etat, ou les défenseurs de la biodiversité. Les riverains peuvent ainsi être favorables ou non selon les arguments avancés. Une harmonisation des enjeux humains, énergétiques et de la biodiversité sont alors au cœur de l’implantation des éoliennes.
L'avenir éolien de la Suisse
La Confédération s’engage à promouvoir un apport énergétique suffisant, sûr et respectueux de la nature. Pour cela, le Conseil fédéral suit les objectifs fixés dans la Stratégie énergétique 2050. Il a approuvé en juin 2021, la loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûre. Le projet est maintenant au Parlement.
Suisse Eole propose un plan d’action en 3 axes pour affronter les besoins supplémentaires d’électricité estimés à une augmentation de 25 % d’ici à 2050. Il apporterait une contribution de 6 TWh par an disponible en 2030 déjà.
Pour atteindre les objectifs de production, le Conseil fédéral veut accélérer les procédures de planification et d’autorisation pour l’aménagement de nouvelles installations adaptées de production d’énergie hydraulique et éolienne, sans sacrifier la nature ou le paysage. De plus, il souhaite empêcher qu’un projet soit subdivisé en plusieurs étapes où chacune d’elles peut faire l’objet d’un recours jusqu’au Tribunal fédéral.
