Commentaire – « Anticonstitutionnel, biaisant la concurrence, inefficace », c’est en ces termes qu’est décrit le train de mesures en faveur des médias par le comité référendaire qui s’y oppose. Pour rappel, le Parlement a approuvé la proposition d’aides subventionnées pour les médias en juin dernier. Sans grande surprise, un groupe d’opposants a répondu par un référendum – soumis au vote le 13 février prochain – ayant pour objectif d’annuler cette décision.
Ce comité craint que le financement par l’État ne biaise les lignes éditoriales des journaux subventionnés et uniformise l’information. Pourtant, la loi détaille précisément qu’aucun traitement de faveur ne sera appliqué à l’égard du contenu. Tous les médias qui répondent aux critères d’aides, notamment le fait d’être un quotidien ou hebdomadaire proposant un abonnement, pourront y avoir accès.
En regardant de plus près qui forme le comité, on s’aperçoit qu’il s’agit principalement « d’entrepreneurs », d’éditeurs (en partie indépendants), d’industriels, de membres UDC et PLR. Sans représenter l’ensemble de la droite, tous partagent une politique qui s’inscrit dans une lignée libérale conservatrice, engagée au côté des marchés financiers et du patronat. Il n’est donc pas étonnant que leur position à l’égard de l’État se veuillent critique, ne correspondant pas à l’idéal économique libérale.
En conséquence, il semble nécessaire de se poser la question de l’indépendance. Est-ce que la privatisation des médias est assurément la garantie de leur indépendance ? Pas sûr. Un média qui fonde son modèle économique sur le “clique”, la visibilité et la publicité n’a pas l’air tellement libre, si ce n’est libre d’organiser sa production en fonction de ce qui active ses leviers économiques : les informations qui profitent financièrement au média.
Bénéficier d’une aide de l’État sans craindre une censure relative au contenu semble être une alternative intéressante. A priori, elle permettrait de pouvoir se dispenser de faire de son contenu un simple produit de consommation, de pouvoir remettre le travail de journaliste au centre et non celui d’agent-marketing, de ne pas être contraint à suivre un agenda financier. En finalité, les bénéfices de cette liberté de travail reviendrait directement au public, en lui proposant un contenu riche et varié, mais surtout indépendant des impératifs économiques.