//

Le journalisme de solutions pour (re)conquérir le jeune lectorat

Newspapers of the CH Media group on a corpus at the editorial offices of CH Media at the media company's headquarters in Aarau, Switzerland, on November 7, 2019. (KEYSTONE/Christian Beutler) Zeitungen der CH Media-Gruppe liegen auf einem Korpus in den Redaktionsraeumlichkeiten der CH Media am 7. November 2019 am Hauptsitz des Medienunternehmes in Aarau. (KEYSTONE/Christian Beutler)

Entre mauvaises nouvelles et prédictions alarmistes, le traitement médiatique de l’actualité aurait tendance à démoraliser. Le journalisme dit “de solutions” entend dépasser le constat du problème et partager les solutions qui y sont apportées, re-mobilisant ainsi un jeune lectorat lassé. Une approche différente, abordée au Festival international de journalisme de Perugia.

Changements climatiques, pandémie de Covid-19, guerres… la réalité de l’actualité peut s’avérer anxiogène, et c’est aussi le cas de sa couverture médiatique. Des perspectives peu réjouissantes qui peuvent décourager – notamment les jeunes générations. 

Si informer sur les grandes problématiques de notre temps nécessite d’en dépeindre la réalité, la question du prisme par lequel aborder ces sujets se pose. En effet, selon une étude de la BBC, 51% des 16-18 ans et 47% des 19-24 ans au Royaume-Uni souhaiteraient que les médias mettent aussi en avant des solutions. 

Pourtant, le traitement des grands sujets d’actualité comme la crise climatique est pessimiste. C’est ce reflète une analyse de la société de conseil AKAS parue en 2021 à la suite de la publication du rapport du GIEC.

Changer de paradigme pour responsabiliser

Le journalisme constructif tel qu'il est parfois appelé en Europe, ou dit "de solutions", tente de répondre à ce constat. Sans tomber dans le "journal des bonnes nouvelles", l'objectif est d'offrir un nouveau regard dans le traitement de l'actualité en mettant en avant des initiatives citoyennes qui tentent de répondre aux défis sociaux et environnementaux.

Pour Fara Warner, vice-présidente "Practice change" au Solutions Journalism Network, le journalisme tel qu'il est majoritairement pratiqué aujourd'hui tend à freiner la mobilisation citoyenne, à l'heure où l'action est plus que jamais importante. Pour elle, les jeunes sont friands d'une approche plus constructive, car ils sont eux-mêmes conscients qu'un changement est nécessaire et qu'il passe par l'échange de solutions et de bonnes pratiques. C'est en cela que l'approche du journalisme constructif a quelque chose à apporter: "hope with teeth", traduit littéralement "de l'espoir avec des dents". Redonner un peu d'espoir pour susciter l'engagement, comme la journaliste l'a expliqué à notre micro:

A lire aussi: Détecter la désinformation sur le changement climatique ?

La forme, aussi importante que le fond

Raconter des histoires inspirantes ne peut se faire sans réfléchir aux plateformes sur lesquelles les partager. C'est aussi là que se pose la question de l'impact du journalisme de solutions auprès des jeunes générations.

Ce que nous racontons et où nous le racontons sont aussi importants l'un que l'autre. La question que l'on doit se poser, c'est: "Comment pouvons-nous utiliser les nouvelles plateformes pour raconter nos histoires?"

Fara Warner, Vice-présidente "Practice change" au Solutions Journalism Network

Les documentaires, les podcasts et les réseaux sociaux offrent trois manières très différentes de raconter une histoire. Mais c'est en grande partie sur les nouvelles plateformes numériques que les jeunes générations consomment l'actualité. Pour que la recette du journalisme de solutions fonctionne, il est impératif qu'il s'inscrive aussi dans cette évolution.

Par Laura Manent

Crédits photos : Dimitri Faravel & Keystone

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours "Production de formats journalistiques innovants", dans le cadre du master en journalisme de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel.

Derniers articles de IJF22