Dans leurs pays respectifs, ce sont les deux prix littéraires les plus prestigieux. Le Goncourt français et le National Book Award américain sont de véritables institutions. Nous avons déterminé, sur la base de l’historique des lauréats, le profil-type du futur vainqueur de ces deux prix. Avec quelques surprises à la clé.
John-Antoine Nau est le tout premier lauréat du prix Goncourt en France. Mais il était américain, né à San Francisco. Lui aurait-on décerné le National Book Award (NBA) si ce prix avait déjà été mis en place en 1903? Nous ne le saurons jamais. Mais l’auteur dresse un parallèle tout trouvé entre culture d’Outre-Atlantique et francophone.
Pour la France et le monde francophone, le Goncourt est l’un des prix les plus prestigieux en littérature. De même que pour son équivalent américain, le NBA, il récompense une oeuvre de fiction publiée dans l’année ou l’année précédente. Chaque année, le public attend avec impatience qui sera le/la prochain.e lauréat.e. de ces prestigieux prix littéraires.
En se basant sur la liste des précédents vainqueurs, que nous avons complétée avec des informations comme leur âge au moment de l’attribution, leur sexe ou encore le nombre de pages des ouvrages, il nous a été possible d’établir un profil-type du prochain lauréat. L’impatience du public pourra ainsi être, ne serait-ce qu’un peu, atténuée.
Des lauréats pas si âgés que ça
Assez loin de l’image d’un écrivain vieillot, la moyenne d’âge des gagnants est relativement basse. Primé en 1914 pour L’Appel du sol (Calmann-Lévy), Adrien Bertrand ne fêtait alors que ses 26 printemps. Philip Roth recevait son premier National Book Award en 1960 pour Goodbye Colombus (Houghton Mifflin), il avait alors 27 ans. En ce qui concerne le Goncourt, il arrivait plus fréquemment qu’un jeune écrivain de talent soit primé dans la première moitié du XXème siècle. Alors que le NBA a toujours primé des écrivains de tous les âges.
La répartition de l'âge des écrivains primés par le National Book Award est cependant plus grande. À la différence du prix français, il a primé des écrivains "confirmés" qui disposaient d'une notoriété déjà répandue.
Femmes mieux représentées aux États-Unis
Pour les deux prix, les femmes sont largement sous-représentées. Cependant, le nombre de femmes ayant reçu le National Book Award est plus élevé que son homologue français.
La première femme ayant reçu le NBA fut Katherine Anne Porter en 1966, pour son recueil de nouvelles The collected stories of Katherine Anne Porter (Mariner Books). La plupart des lauréates femmes ayant reçu le prix se regroupent cependant entre 2000 et 2020, où 10 prix ont été décernés à des femmes et 10 prix à des hommes.
En France, la première femme à avoir reçu le Goncourt fut Elsa Triolet en 1944, pour son roman Le premier accroc coûte deux cent francs (Denoël). Onze autres femmes recevront le prix, alors que pour le NBA, elles sont au nombre de vingt.
Des enjeux moraux
Finalement, quelle est l'utilité d'un prix littéraire? En plus des gains financiers qu'il rapporte à son vainqueur et sa maison d'édition, ces distinctions servent aussi à canoniser un texte. Force est de constater que certains auteurs sont retombés dans l'oubli, en France comme aux Etats-Unis.
Par ailleurs, les chiffres montrent que les prix littéraires reflètent l'évolution des mœurs sociétales. Consacrer un auteur, c'est saluer sa démarche. La libération de la parole féminine ou le mouvement Black Lives Matter pourraient influencer encore un peu plus les jurys des prix prestigieux du monde entier.
Les profils-type des vainqueurs
En dressant les moyennes de notre base de donnée, nous avons estimé le profil-type du futur vainqueur des prix Goncourt et National Book Award. Et selon vous, qui seront les futurs lauréats?
Miguel Da Silva Rodrigues & Théophile Bloudanis