Entre corsets et porte-jarretelles, se dénuder est un art

Une artiste porte un costume illustrant une plante carnivore, sur scène.
Juliette Velvet performe sur la scène du Tais-toi! avec un costume fait maison. (Photo : Tatiana Silva de Sousa)

En octobre dernier, le théâtre neuchâtelois Tais-toi! accueillait la 14ème édition du BAM! Burlesque show. Plumes, paillettes, gants de velours (et même farine) étaient au rendez-vous. Mais, à quoi bon s’habiller pour se dévêtir quelques instants plus tard ? Interrogées, les artistes se confient sur leurs costumes particuliers.

C’est autour d’une grande table, centrée sur le parquet théâtral du Tais-toi! (NE), que les cinq artistes sélectionnées pour performer lors du BAM! Burlesque show se préparent. À l’occasion de la 14ème édition du spectacle, ce nouveau casting s’apprête à incarner ses personnages respectifs. Pour ce faire, une longue préparation se met en place: maquillage, perruques et costumes, autant d’artifices utilisés pour permettre à ces femmes d’entrer dans leurs univers burlesques.

Le BAM!, produit par Juliette Velvet, est un spectacle d’effeuillage burlesque. Il s’agit en fait d’une discipline artistique mettant en scène l’art de se déshabiller. Le tout, en racontant une histoire afin de transporter le public dans l’univers de l’artiste. C’est en cela que cet art diffère du strip-tease dont le seul but est l’excitation d’un public bien souvent masculin. Car bien que l’effeuillage burlesque comporte également de nombreux mouvements sensuels, il est en réalité porteur de puissants messages. Et ceux-ci passent par les costumes. En thématisant la dépression ou encore la réappropriation d’insultes homophobes, les tenues portées par les artistes du BAM! surprennent parfois un public non-initié.

Sombre, Juliette Velvet incarne sa lutte contre la dépression. (Photo: Tatiana Silva de Sousa)

La création des costumes

Juliette Velvet, qui performe également lors de sa propre production, crée la plupart de ses costumes. « Mais je ne suis pas couturière. Souvent, ça reste du bricolage », confie-t-elle. L’artiste imagine cependant ses tenues, elle les réfléchit, les thématise et les crée du mieux qu’elle peut. Si la productrice du BAM! confectionne ses artefacts, ce n’est pas le cas de toutes les artistes présentes.

Matamore Occhio fait, elle, appel à un costumier. C’est ce qu’il s’est passé pour son habit du Roi Soleil. Si l’artiste le fait fabriquer par d’autres mains, elle reste formelle: elle arrive à l’atelier avec une demande précise. « Je fonctionne beaucoup avec des images dans la tête, avec des oeuvres d’art ou des silhouettes de mode », raconte-t-elle.

Matamore Occhio en Roi Soleil. (Photo: Tatiana Silva de Sousa)

Dans les deux cas, le costume illustre un narratif particulier qui conditionne l’attitude adoptée par les deux artistes lors de leurs scènes. Le tissu est au service du message dans le milieu de l’effeuillage burlesque. Et ce, même si les pièces de costumes sont arrachées les unes après les autres. Sauf parfois lorsque des erreurs de parcours s’installent, comme le raconte Matamore Occhio à notre micro.

Les anecdotes de Matamore Occhio

Une véritable porte d’entrée

Le costume est un outil. Tu décides ce que t’enlèves, dans quel ordre et de quelle manière.

Juliette Velvet, artiste et productrice du BAM! Burlesque show

Avec une forme de sensualité affranchie, les artistes du spectacle se dénudent toutes, tour à tour, sur la scène du Tais-toi! Elles expliquent cependant que, même si elles quittent temporairement leurs costumes, ceux-ci symbolisent la porte d’entrée dans l’univers de leurs personnages scéniques. « J’accède à Sally Mercury grâce à mes costumes », raconte une troisième artiste du BAM!. C’est là où la magie opère et où débute l’expérience burlesque, selon elle.

Sally Mercury dans son rôle de diva. (Photo: Tatiana Silva de Sousa)

Les performeuses d’effeuillage burlesque jouent finalement de leurs costumes, pour se jouer des attentes du public ; hommes et femmes, vieux et jeunes pourraient s’attendre à un simple spectacle sexy, pourtant ces non-initiés partent en fait à la découverte d’un monde bien plus conceptualisé. Là où règnent lumières tamisées, musiques entrainantes et cache-tétons colorés, les artistes illustrent des histoires tantôt folles, tantôt militantes, en se déshabillant habilement.

Par Tatiana Silva de Sousa
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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