Dialogai, une association LGBTIQ+ genevoise offrait le temps d’un samedi la possibilité de s’essayer au maquillage drag-queen. Pendant plus de huit heures, Moon a livré tous ses secrets pour être flamboyante. Une manière pour les élèves de pouvoir être soi, loin des discriminations du quotidien.
Hauts talons, perruques, robes, maquillage, beaucoup de maquillage: voilà ce que l’on pouvait trouver samedi 15 octobre dans les locaux de Dialogai. L’association genevoise de défense des droits des personnes LGBTIQ+* organisait un atelier participatif de maquillage drag-queen. L’occasion pour les participant-es d’explorer différents aspects de leur identité et de partager un moment convivial dans un espace sûr.
L’importance de pouvoir être soi
Les baby drag – nom donné aux novices – arrivent et se placent timidement face à Moon, célèbre drag-queen de la scène suisse qui leur dévoilera ses astuces tout au long du maquillage. Cette dernière pose le cadre de l’atelier : « Ici, pas de jugement, vous pouvez être vous-mêmes ».
Ses mots résonnent pour les élèves : « Parfois, on ne sait pas vraiment où est sa place », confie Paul qui s’essaie pour la première fois au maquillage drag « mais ici c’est la découverte, je suis surpris à quel point c’est accueillant ». Au fur et à mesure que le temps passe, la parole se libère et les personnalités s’affirment.
Malgré des gestes parfois hésitants, les apprenti-es drag n’oublient pas de se conseiller et de s’entraider. « On ressent une réelle envie d’échanger et d’appartenir pendant un moment à un groupe », souligne Abdurahman Mah, chargé de projet en santé communautaire au sein de Dialogai et organisateur de l’événement. Il est pour lui primordial de créer ces espaces d’échange afin de rappeler aux personnes LGBTIQ+ qu’elles ne sont pas seules, d’autres personnes leur ressemblent.
Une rupture avec la violence du quotidien
Après plusieurs heures de maquillage minutieux, d’essais de tenues et de défilés en musique, le retour à la réalité est brutal. L’atelier s’achève et un dilemme s’impose : affronter ou non le regard des passants au moment de rentrer chez soi.
Uniquement deux baby drag sur les cinq gardent leur maquillage, en veillant toutefois à ne pas trop attirer les regards. Rachel est la première à partir, elle délaisse sa robe et ses hauts talons pour enfiler un pantalon et un pull à capuche. Comme pour justifier son choix de changement de vêtement, elle lâche : « Je ne me sentais pas de traverser… ». Pas besoin d’en dire plus, toutes acquiescent.
Absence de données
Il y a des violence dans l’espace public contre la communauté LGBTIQ+, d’où l’importance de créer des espaces pour être soi et rompre ce quotidien.
Abdurahman Mah, chargé de projet en santé communautaire
Difficile de trouver des chiffres sur ces actes discriminants, aucun recensement national n’a été réalisé. Pour les organisations actives dans le domaine, cette demande est pressante.