Allier questions d’identités et paillettes colorées

Festival Everybody's perfect
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Festival de films arc-en-ciel, Everybody’s Perfect a investi la Maison des arts du Grütli de Genève du 8 au 17 octobre. Alliant projections, tables rondes et performances artistiques traitant des questions LGBTIQ+, le festival se veut être un lieu d’échange et d’écoute pour des voix souvent passées sous silence.

Du rose, des paillettes et de nombreuses déclinaisons des « champs d’amours ». Le festival de films Everybody’s Perfect, traitant des questions LGBTIQ+ (Lesbiennes, Gays, Bi, Trans*, Intersexes, Queers), est un condensé de ces éléments. Du 8 au 17 octobre à la Maison des arts du Grütli de Genève, le festival était le théâtre de projections, de tables rondes, de session de tatouage queer ou de selfies érotiques. Rétrospective de 100 ans de cinéma LGBTIQ+, l’exposition « Hommage à champs d‘amours » est ouverte jusqu’au 21 novembre au bar du Phare, rue Lissignol. L’occasion d’inclure tous les arts pour mieux confronter les identités.

Festival engagé

Ouvertement engagé, Everybody’s Perfect se veut également être un espace de rencontres et de partage, comme le confie Sylvie Cachin, directrice du festival : « C’est un événement important pour toutes les personnes LGBTIQ+ et leurs ami.e.s et allié.e.s. Peu d’événements sont aussi longs, aussi denses, traversés de culture et en mesure de réunir ces communautés. ».

« L’intention militante ne suffit pas. Ce sont d’abord des films de qualité cinématographique.»

Sylvie Cachin, directrice du festival

Projections internationales

Cette année, des films brésiliens, libanais, allemands ou encore des États-Unis ont été projetés. Les productions de 21 pays sont programmées. « L’intention militante ne suffit pas. Ce sont d’abord des films de qualité cinématographique», indique Sylvie Cachin. « C’est important pour nous de trouver des films qui sont d’autres continents, qui traitent d’autres réalités. Pendant longtemps, la production américaine était dominante. Il est encore difficile de trouver des films qui viennent du Moyen-Orient ou d’Afrique. C’est dommage car être projeté.e.s renforce la dignité, la fierté, la position des artistes.»

Seuls trois court-métrages suisses sont proposés cette année, dont deux films de diplômes d’écoles suisses de cinéma. La faute à un manque de productions helvétiques cinématographiques en général, et non pas à un désintérêt du public quant aux questions LGBTIQ+, selon la directrice.

Donner une voix

Un festival de films porté sur les questions des identités LGBTIQ+ ne pourrait pas avoir lieu n’importe où. Ces questions mènent encore à des actes de violence. C’est le rappel de la réalisatrice Yana Ugrekhelidze, lors de la séance de questions-réponses qui suit la projection de son documentaire Instructions for Survival. Lorsqu’on lui demande si son film pourrait être projeté en Georgie, où il a été tourné, elle répond : « Non. Il faudrait qu’il y ait des oreilles et des yeux pour le voir. Dans ce cas, ce serait juste une provocation. La dernière fois qu’un de mes amis est allé à une projection d’un film LGBT en Géorgie, il a fini avec la tête cassée. »

Alors que ces voix sont si souvent passées sous silence, le festival entend allier tous les arts pour faire passer son message engagé.

Photos et texte par Alicia Frésard


Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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