« Les médias sont en crise » et « le journalisme va mourir », telles sont les grandes idées qui circulent depuis maintenant des années dans la société. Certes… alors quitte à l’entendre à tout va, parlons-en vraiment ! Après l’initiative « No Billag » en 2018, le financement des médias fait à nouveau mouche. La Suisse se prononcera sur le paquet d’aides aux médias le 13 février prochain. On parle ici de 178 millions de francs supplémentaires redistribués au secteur.
A l’heure où les géants du net offrent un accès gratuit à l’information, le public y trouve son compte et ne veut plus payer. Mais à quoi ressemble l’information dans cet environnement où tout un chacun peut s’exprimer ? Le travail journalistique peine à se distinguer de l’information « en général » dans un univers propice à la prolifération des fake news et où il est facile de s’auto-proclamer expert ou journaliste. Et ce plus encore pour qui a un certain nombre de followers.
Au milieu de tout cela, comment rester compétitif en tant que média ? Et la valorisation du travail journalistique ? Difficile à maintenir quand l’attrape-clics paie. Si certains médias gratuits s’en sortent, c’est qu’ils reposent sur un modèle d’affaires qui mise avant tout sur la portée. C’est pourquoi cette aide ne serait octroyée qu’aux médias dont le revenu se base sur l’abonnement. L’info payante n’étant plus à la mode, ce sont bel et bien ces titres qui sont le plus en difficulté. Et plus le média est petit, plus c’est compliqué. La couverture locale est donc menacée.
Pourtant, l’opposition craint de voir le journalisme perdre son statut de 4ème pouvoir s’il venait à recevoir cette aide étatique. Elle y voit un danger pour la démocratie, avec une liberté de presse au service de l’Etat car on ne « mord pas la main de qui nous nourrit ». Mais de cette aide, la diversité de nos médias en dépend manifestement. Les en priver, ne serait-ce pas les inciter à la chercher ailleurs ? A trouver une autre « main » ? Une question importante surgit alors : groupes d’intérêt, donateurs privés, grands annonceurs, personnages politiques fortunés… où se cache le vrai danger pour la liberté de presse derrière ce financement?
Muriel Bornet
Photo mise en avant: ©Pixabay
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Atelier presse », dont l’enseignement est dispensé collaboration avec le CFJM, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.