Les menaces contre les journalistes et leur travail ont longtemps été très mal perçues. Aujourd’hui, elles se banalisent et s’étendent à l’ensemble des pays du globe. En Europe, les journalistes enquêtant sur la criminalité en col blanc sont particulièrement visés.
Le journalisme est sous pression, c’est un fait. Qu’on intimide les journalistes ou qu’on les entrave dans leur travail, cela a toujours existé.
Dans certaines régions du monde, les agressions, emprisonnements, ou même assassinats sont monnaie courante. Reporters Sans Frontières fait état de 6 professionnels tués depuis le début de l’année.
De plus en plus de chefs d’Etat ne voient plus la presse comme une forme de contre pouvoir mais comme un adversaire, à l’image de Donald Trump et de ses attaques incessantes contre la profession.
⚡??VIDÉO – «Vous êtes une personne grossière et horrible (…) Ça suffit, posez ce micro ! (…) vous êtes l’ennemi du peuple» Donald #Trump refusant de répondre aux questions de Jim #Acosta (CNN). Une employée de la Maison-Blanche a tenté de reprendre le micro au journaliste. pic.twitter.com/SmOl8JGaRB
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) 7 novembre 2018
Aujourd’hui, l’Europe n’est pas à l’abri. Les affaires des dernières années l’ont démontré: Daphne Caruana Galizia, Jan Kuciak et Viktoria Marinova ont tous les trois été assassinés alors qu’ils investiguaient sur des cas de corruption et de crimes financiers. Ce type de criminalité apparaît comme le champ d’investigation le plus sensible pour les journalistes en Europe.
La montée des populismes constitue sans aucun doute une partie de la problématique, si l’on considère des cas comme la Hongrie de Viktor Orban. Mais la défiance face aux journalistes semble concerner l’ensemble de la sphère politique. Rien qu’en Suisse romande, Jacqueline de Quattro (PLR), Christophe Darbellay (PDC) ou encore Pascal Broulis (PLR) ont tout dernièrement lancé des actions en justice contre des journalistes.
Salve d’actions en justice contre la presse – Le Temps avec @DMasmejan @RSFCH et du droit, de l’enquête, de la liberté d’écrire et de la démocratie. #journalisme https://t.co/oBq2qOWFN9
— Catherine Frammery (@cframmery) 28 mars 2019
Comment protéger les journalistes?
Même si l’opinion publique et les états démocratiques s’émeuvent et condamnent les violences contre les journalistes, comme on a pu le voir lors de l’affaire Khashoggi, il n’en reste pas moins qu’un climat d’instabilité, d’insécurité même, s’abat sur l’ensemble de la profession.
Dès lors, une question subsiste: comment protéger les journalistes et leur travail?
Au Festival International du Journalisme de Perugia, un volet entier de conférences est consacré au traitement de cette question. Nous chercherons des pistes de réponse avec Tom Gibson, participant à la conférence « Journalists under fire: protecting journalists reporting on corruption in Europe« . Anciennement engagé dans la protection des travailleurs des Droits de l’Homme et des journalistes en Afrique, cet Anglais s’affaire désormais à défendre les reporters européens.
La volée 11 de l’AJM suivra cette conférence, ainsi que de nombreuses autres dans le cadre de sa rubrique « journalisme en danger ».
Crédits photo: Reporters Sans Frontières