REVUE DE PRESSE Les États-Unis entre bougies d’anniversaire et navettes spatiales, des autoroutes contestées, des bus en danger ainsi que quelques expressions savoureuses étaient au menu de la presse cette semaine.
Sur les bords de la piste électorale, les Américains assistent au lancement du sprint final. À huit jours du scrutin, les derniers sondages n’accordent à Kamala Harris qu’un point de pourcentage d’avance sur son adversaire républicain. Dans ses colonnes, le Temps nous emmène à Oakland, ville natale de la candidate démocrate, et nous invite à nous plonger dans l’ambiance du restaurant Home of Chicken & Waffles.
Des amis de longue date de la candidate y sont amassés pour fêter son anniversaire – sans elle. Malgré une élection qui s’annonce serrée: «Elle sera élue, c’est certain» s’exclament certains partisans. Les anecdotes sur la candidate abondent dans ce restaurant d’Oakland. «Aider les gens, de son quartier d’abord, puis de sa ville, de son comté, de son État, puis du pays, peut-être, le 5 novembre prochain. Voilà le destin que lui souhaitent ses proches pour son 60e anniversaire», écrit le journal.
Un soutien qui pourrait rapporter gros
Le Temps, qui est aussi allé à la rencontre du camp opposé, se questionne sur le rôle d’Elon Musk dans la campagne de l’ex-président Trump. Le quotidien revient sur le rapport entre Musk et la politique, dépeignant l’entrepreneur comme «un homme pétri de contradictions». Ses premières incursions dans le monde politique remontent aux années 2000, depuis il n’a cessé de pencher tant à gauche qu’à droite. Durant le premier mandat de Donald Trump, les deux hommes sont inconciliables sur de nombreux points, mais ce sont «les années de pandémie qui donnent lieu à un sérieux rapprochement entre les deux hommes, tant sur la forme que sur le fond». Elon Musk est désormais l’un des plus gros donateurs du Parti républicain. Le destin des deux hommes paraît scellé depuis le 5 octobre dernier, lorsque Musk a rejoint Donald Trump sur scène lors d’un meeting.
L’article est accompagné d’une photo des deux hommes sur scène, Musk sautant de joie tel un enfant. Une joie qui se comprend, car une victoire de Trump pourrait rapporter gros à l’homme le plus riche du monde. En effet, le candidat a envisagé de placer Musk à la tête de la commission sur l’efficacité du gouvernement. En d’autres termes, il aurait son mot à dire sur différentes agences fédérales engagées dans des domaines où l’homme détient des entreprises. «Une dynamique gagnant-gagnant dans laquelle on en oublierait presque le véritable colistier de Donald Trump: J. D. Vance», conclut Le Temps.
Des autoroutes entre saturation programmée et solutions alternatives
Vu de Suisse à présent, nos autoroutes atteindront-elles bientôt des dimensions américaines ? C’est l’argument et la crainte des opposants à leur élargissement, soumis au référendum le 24 novembre prochain. Des autoroutes qui, même à trois voies, seraient rapidement à nouveau saturées, selon des chiffres officiels rapportés par La Tribune de Genève.
Le quotidien décrypte le rapport de l’OFROU et fait réagir les deux camps: sur le tronçon Nyon – Le Vengeron, le trafic aura augmenté de 14% une année après sa mise en service, avant d’atteindre à nouveau un point de saturation dix ans plus tard. L’échangeur du Vengeron verrait aussi défiler 44’000 véhicules journaliers supplémentaires à l’horizon 2040. Actif-trafiC, par la voix de son coordinateur romand, reprend ce constat et s’insurge contre ces projets: «Les véhicules risquent d’affluer par milliers dans les centres urbains, alors qu’on nous vend cet élargissement comme la solution à l’engorgement et que les villes réduisent la place accordée aux voitures. On marche sur la tête !»
Le ton est plus apaisé du côté des autorités, qui préfèrent imaginer des solutions pour limiter l’engorgement: «L’OFROU planche sur différentes mesures de gestion du trafic comme la réduction flexible de la vitesse aux heures de pointe. Ces mesures doivent permettre d’utiliser les infrastructures routières existantes le plus efficacement possible», indique son porte-parole, qui mise aussi sur le développement des véhicules automatisés pour fluidifier le trafic. La création de P+R aux sorties des voies rapides est aussi mise sur la table pour préserver les villes, mais sans convaincre les défenseurs de la mobilité douce, inévitablement sous-dimensionnés à leur sens.
Mais si l’agrandissement des autoroutes faisait augmenter les prix de l’essence? C’est le grand paradoxe dont l’Argauer Zeitung se fait l’écho. Le quotidien explique qu’il manquerait de l’argent au fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA), destiné à financer les six projets soumis au vote. Un trou dans les réserves qui s’explique par la réduction des recettes perçues via la taxe sur les carburants, en nette diminution avec le passage croissant aux véhicules électriques.
Concrètement, une augmentation de 4 centimes à la pompe serait prévue pour renflouer le fonds routier FORTA et assurer le financement des extensions si elles sont acceptées. Une éventualité qui inquiète le conseiller national grison Jon Pult (PS), qui rappelle dans le quotidien argovien que les régions de montagne ne bénéficieront pas de l’extension du réseau, mais seraient, elles aussi, touchées par une augmentation des taxes sur les carburants, alors que la voiture y est indispensable au quotidien.
Petit-Val menacé de déconnexion
Et ses propos résonnent tout paradoxalement avec la menace qui pèse sur les lignes de bus de ces régions, notamment dans le Jura bernois, où la commune de Petit-Val risque de perdre sa liaison avec Moutier d’ici 2027. Le Quotidien jurassien nous apprend que dans le cadre de la nouvelle planification des transports publics, les autorités souhaitent privilégier la liaison du village avec Bellelay et Reconvilier, avec la perspective d’y développer un nouveau pôle économique. Les bus entre Moutier et les Ecorcheresses, qui desservent Petit-Val, resteraient à quai. Le village perdrait ainsi sa connexion avec les trains grandes lignes des CFF en gare de Moutier.
Alors la commune s’indigne de ne pas avoir été consultée et espère réussir à sauver sa ligne, tout en restant lucide: les 300’000 francs par an à débourser seraient «impossibles à assumer» sans aide du canton de Berne, rapporte le QJ. Des alternatives sont aussi envisagées, comme la création d’une liaison unique entre Reconvilier et Moutier, qui «permettrait d’avoir un bus par heure […] afin de désenclaver le Petit-Val», espère son maire. Il se dit prêt à motiver ses habitants à renoncer à leur deuxième voiture si sa proposition se réalise. Mais son confrère prévôtois en charge des transports n’est pas optimiste: «Le canton privilégie certainement une ligne 100% bernoise afin d’éviter de réguliers arbitrages avec le canton du Jura», estime-t-il.
Mathieu Avanzi, passeur de mots romands
Les bus, tant qu’il y en a, qui continueront à accoster aux arrêts en enclenchant leur signofil. Ou plutôt leur clignotant. Ou encore clignoteur? Ces mots de notre précieux français de Suisse sont à l’honneur dans un portrait consacré au linguiste Mathieu Avanzi. Ce Français venu étudier le suisse romand avoue dans le Matin Dimanche avoir adopté un certain nombre d’expressions: «chiclette sonne plus français que chewing-gum», admet-il.
Le professeur en dialectologie de l’Université de Neuchâtel raconte son attachement pour le parler romand et les particularismes linguistiques, dont il possède l’une des seules chaires universitaires au monde. Grâce à son travail et à celui de ses collègues, il observe «une réaffirmation des particularismes régionaux», spécifiquement chez les jeunes. Un phénomène de réappropriation du langage qui s’explique en partie par la possibilité qu’offrent les réseaux sociaux de partager et diffuser la langue et ses déclinaisons régionales.
Sur Instagram, Mathieu Avanzi fait profiter tout un public grâce à ses cartes du «français de nos régions», comprenez les différentes façons de qualifier les choses selon les régions francophones. Mais étudier le langage et ses déclinaisons requiert une proximité avec la population, affirme Mathieu Avanzi dans le journal dominical. Car pour comprendre comment parlent les gens, il faut aller à leur rencontre. Sa solution: «Tisser des liens et boire du blanc!». Ça vous parle…?
Par Toan Izaguirre, Lucien Phillot et Julien Tinner
Cet article est daté du 28.10.2024. Mis à jour avant publication le 26.11.2024.
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Atelier presse I », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.