L’équipe M15 de Servette Chênois dispose depuis la dernière rentrée scolaire d’un programme sport-études. Le club souhaite qu’un maximum de joueuses deviennent professionnelles grâce à cette formation.
Entraînements, matches, devoirs, copains et copines… Une semaine en tant que jeune footballeuse dans une équipe féminine M15 peut s’apparenter à une course contre-la-montre où l’équilibre entre vie scolaire, sportive et sociale est parfois difficile à trouver.
Depuis août dernier, une première volée de joueuses du Servette FC Chênois Féminin suit un cursus de sport-art-études. Un dispositif mis en place avec l’instruction publique qui permet aux jeunes talents de concilier une formation et une pratique sportive de haut niveau.
𝗪𝗮𝗹𝗹𝗶𝗻, 𝗠𝘂𝗿𝗮𝘁𝗼𝘃𝗶𝗰 𝗲𝘁 𝗟𝗮𝘂𝗯𝘀𝗰𝗵𝗲𝗿 𝘀𝗶𝗴𝗻𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘂𝗿 𝟭𝗲𝗿 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗮𝘁 𝗽𝗿𝗼𝗳𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻𝗻𝗲𝗹 ! ✍️
Le SFCCF a le plaisir d’annoncer la signature de trois jeunes joueuses de son académie ! 🇱🇻
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— Servette FCCF (@ServetteFCCF) April 25, 2024
Une ado qui a la tête sur les épaules
Les jeunes footballeuses s’entraînent tous les après-midis de la semaine, à l’exception du lundi. Les matins sont consacrés à l’école. Mya Pizzinat, joueuse de l’équipe des moins de 15 ans, profite de cette formation depuis cet été : «C’est une bonne sensation d’apprendre chaque jour, pas seulement au foot, mais aussi à l’école. Je me sens bien dans ce programme.»
Scolarisée au cycle d’orientation, la Genevoise de 14 ans raconte: «Dans un premier temps, je souhaite aller au bout de la filière et améliorer mes compétences footballistiques. On verra ensuite si j’ai des chances d’évoluer en professionnel.»
Une réussite scolaire en hausse
C’est la première fois en Suisse que toute une équipe féminine bénéficie d’un tel dispositif. «Nous souhaitons qu’un maximum de filles de Genève puissent avoir accès à la première équipe, tout en suivant un programme scolaire», explique Yannick Vancoff, responsable de l’académie du SFCCF.
«Les premiers retours sont positifs avec un taux de réussite scolaire bien plus important qu’avant et une fatigue moins présente chez les joueuses.»
Yannick Vancoff, responsable de l’académie du Servette FCCF
Sept mois après le coup d’envoi de l’année scolaire, les premiers retours sont positifs selon Yannick Vancoff. «Les premiers retours sont positifs avec un taux de réussite scolaire bien plus important qu’avant et une fatigue moins présente chez les joueuses», constate-t-il.
Le responsable de l’académie ne souhaite toutefois pas brûler les étapes et cherche avant tout à atteindre une certaine stabilité : «Nous sommes très ambitieux et nous voulons progresser encore. Simplement, nous devons être patients et être très reconnaissants d’avoir passé ce cap.»
Moins de fatigue
Avant l’introduction de la filière, les jeunes filles passaient la journée à l’école et se rendaient le soir au stade pour l’entraînement. «Certaines joueuses avaient une heure de trajet. Elles rentraient à la maison tard le soir et avaient trop peu de temps pour la récupération et les devoirs. Ce rythme de vie empêchait certaines de bien se reposer et d’être performantes en classe, également», ajoute Yannick Vancoff.
«J’ai toujours eu l’impression d’avoir des bâtons dans les roues. Les jeunes footballeuses ne devraient pas avoir à choisir entre sport et études.»
Sandy Maendly, ex-internationale suisse et directrice technique du SFCCF
Sandy Maendly, ancienne joueuse internationale suisse et aujourd’hui directrice sportive de la première équipe féminine de Servette Chênois, aurait, elle, rêvé d’avoir une telle structure: «J’ai toujours eu l’impression d’avoir des bâtons dans les roues. Les jeunes footballeuses ne devraient pas avoir à choisir entre sport et études».
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Professionnalisation
La mise en place de ce sport-art-études vise à offrir aux joueuses des possibilités de se professionnaliser dans le football, mais pas seulement. «Le but est que lorsqu’une joueuse termine son cursus, elle puisse en faire son métier sans devoir étudier ou travailler à côté», explique Yannick Vancoff. Pour prétendre à ce statut, les exigences sont cependant montées d’un cran: de quatre à sept entraînements par semaine, en plus des matchs ou des tournois le week-end.
Les perspectives de réussite dans le ballon rond féminin en Suisse sont encore réduites. Pour la première équipe féminine servettienne, leader du championnat national, seules cinq joueuses sont professionnelles. Les quatorze autres travaillent ou étudient en parallèle de leur vie d’athlète.
Au sein du club, un constat émerge. Le football suisse doit encore progresser au niveau technique. «Les équipes romandes ont encore du retard au niveau de l’expérience et de la quantité de joueuses disponibles par rapport à la Suisse alémanique», souligne Yannick Vancoff. Ce sport-études permet par contre au club servettien de prendre de l’avance dans l’accompagnement de ses talents.
Charlotte Buser, Yannick Cattin et Mathilde Schott
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Pratiques journalistiques thématiques » dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel. Une version de cet article a été publiée le 1er mai 2024 dans La Tribune de Genève.