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Face au cycle de la violence domestique, la prévention est la meilleure arme

Le nombre d’agressions conjugales en Suisse reste stable depuis quelques années. L’exposition “Plus fort que la violence” actuellement à Fribourg analyse ce phénomène dans le but d’éduquer et prévenir les jeunes. Retour sur la psychologie complexe de cette violence.

Une femme suisse sur cinq est victime d’agressions verbales ou physiques au cours de sa vie. Des chiffres qui peinent encore à diminuer. L’exposition “Plus fort que la violence” destinée aux jeunes étudiants revient sur le quotidien vécu par des familles touchées par ces violences. Pour les cantons de Berne et Fribourg, à l’origine du projet, comprendre les mécanismes de cette violence serait le meilleur moyen de la prévenir. Sa psychologie est pourtant complexe et le sujet encore tabou, ce qui la rend difficile à traiter.

C’est un éternel recommencement où la haine et les réconciliations s’enchaînent.

 Dans quel contexte naît la violence domestique ?

La violence domestique est un phénomène qui peut toucher n’importe quelle famille. Bien qu’il n’y ait pas de véritables justifications pour de tels comportements, il existe des facteurs aggravants. Geneviève Beaud Spang, responsable au Bureau de l’égalité hommes-femmes et de la famille de Fribourg explique que “les inégalités salariales, les enfants ou encore l’alcool sont des facteurs qui peuvent empirer une situation déjà fragile.”

L’alcool est l’un des facteurs principaux de la violence domestique. © Mattia Pillonel

Les personnes qui ont subi des traumatismes liés à des violences lors de leur enfance sont plus enclines à reproduire le même schéma dans leur vie d’adulte. “Pour l’enfant, le parent est une référence. La violence et la peur deviennent alors ce qu’il connaît le mieux. ” Chez les adolescents, les réseaux sociaux et le harcèlement en ligne sont aussi des facteurs aggravants.

Selon une étude neuchâteloise, environ 60% des adolescents auraient déjà subi des violences conjugales. © Mattia Pillonel

Les relations abusives se construisent comme une boucle

La violence domestique se manifeste sous la forme d’un cycle qui se répète encore et encore. Les situations de tension dans le couple peuvent mener à une explosion de violence d’un partenaire. Elle peut se manifester sous forme verbale et sous forme physique. Cette explosion amène ensuite aux excuses, où l’agresseur accuse la victime pour justifier son comportement. “Ce sont des excuses qui cachent des justifications” explique Geneviève Beaud Spang.

Le viol conjugal, bien qu’illégal, est une réalité encore taboue en Suisse. © Mattia Pillonel

Puis vient la phase de lune de miel ou la victime pardonne, avant l’arrivée de nouvelles tensions, et le retour de la violence. Son aspect cyclique enferme. “C’est un éternel recommencement où la haine et les réconciliations s’enchaînent.”

Sans aide extérieure, il est presque impossible de quitter la boucle de la violence. © Mattia Pillonel

Les victimes peinent à chercher de l’aide

L’aide aux victimes est nombreuse. Des associations comme femmes solidaires ou les services cantonaux de luttes contre la violence domestique offrent du soutien aux personnes touchées. “Il est très important de documenter les blessures et les abus et chercher du soutien extérieur, sans quoi il est presque impossible de s’en sortir” ajoute Geneviève Beaud Spang.

Il est possible de documenter les blessures lors des visites aux urgences ou chez le médecin. Elles peuvent servir comme preuves. © Mattia Pillonel

Il existe aussi des aides psychologiques pour les agresseurs. Elles leurs permettent de sortir du cycle de la violence et favorisent la réinsertion.

Mais si le taux de violence en Suisse diminue peu, malgré l’aide proposée, c’est parce que le sujet est tabou et difficile à aborder. Pour les victimes, la peur des représailles et les sentiments envers l’auteur les empêchent souvent de s’exprimer et de fuir. La prévention et l’éducation restent donc les meilleures armes afin d’éviter l’arrivée de cette violence.

Bien que la loi suisse condamne la violence conjugale, de nombreux cas ne sont jamais dénoncés. © Mattia Pillonel

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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