ANNIVERSAIRE L’association «PVA-Genève» s’engage pour les personnes vivant avec le VIH depuis 1992. Elle organisait, jeudi 13 octobre dernier, une soirée spéciale dans le cadre du festival de cinéma queer, «Everybody’s perfect». Plutôt qu’une fête, l’évènement se voulait une commémoration conviviale.
Riche menu d’anniversaire
Un grand banquet pour un anniversaire doux-amer. Voilà comment PVA-Genève a voulu marquer ses 30 ans, alors que l’épidémie du SIDA, bien qu’éclipsée par celle du coronavirus, sévit toujours. Pour se mettre en bouche, la cinquantaine de personnes présentes à la Maison des arts du Grütli ont d’abord pu assister à la projection d’un film, «Os primeiros soldados», sur les premières victimes brésiliennes du virus.
La fierté d’avoir survécu
Une fois l’appétit ouvert, il était temps de profiter du buffet offert par les membres de l’association. L’occasion pour le public d’échanger avec celles et ceux qui ont fait l’histoire de PVA-Genève, comme Paolo Ducoli, militant de la première heure. Quand on lui demande comment il approche cet anniversaire, il n’hésite pas une seconde.
«Avant tout, c’est un anniversaire heureux parce qu’on est les seuls qui ont survécu dans toute la Suisse. Il existait des antennes de “People With AIDS” dans tous les cantons. La seule qui est restée? Genève. (Il marque une pause.) Pourquoi? Parce que c’était la ville la plus touchée par le SIDA.»
Faire mémoire plutôt que faire la fête
En marge du banquet, le vernissage d’une exposition d’archives photos faisait office d’entremets. Les images des débuts de l’association, durant le pic de l’épidémie de SIDA dans le canton, ravivent des émotions chez Zaqueu Guimaraes, président de PVA-Genève. Il explique avoir beaucoup de peine avec l’idée d’une célébration.
«Il n’y rien à célébrer, rien à fêter, dit-il le visage froissé. Il faut constater, faire mémoire à ceux qui sont partis et faire comprendre que vivre avec le VIH, n’est pas quelque chose de terrible aujourd’hui, mais reste assez difficile.»
Continuer le combat
Même si le taux de nouveaux cas déclarés est historiquement bas (moins de 300 en 2020 selon l’OFSP) et que l’avancée sur les traitements et la prophylaxie (PrEP) est saluée, PVA-Genève regrette devoir lutter contre un mélange grandissant de banalisation, d’invisibilisation et de stigmatisation. Sylvie Cachin, directrice générale et artistique du festival, partage l’idée que le combat n’est pas encore gagné.
«Heureusement, ça évolue dans un sens positif. Aujourd’hui il y a des traitements, c’est indétectable. Mais il semble que tout le monde ne sache pas comment on peut être contaminé, comment se protéger.»
Elle espère que cette soirée d’anniversaire permettra d’informer, entre autres, les jeunes.
Regard vers le futur
Des jeunes, il n’y en avait que quelques un·es lors de ce banquet, mais PVA-Genève espère en toucher un plus grand nombre pendant les activités qu’elle organisera le 1er décembre prochain, journée internationale de lutte contre le SIDA. D’ici-là, Zaqueu Guimaraes retiendra de cette soirée ce que relève le personnage principal du film présenté en ouverture: «Le SIDA, malgré tous les malheurs qu’il porte en lui, a de magnifique qu’il pousse à aimer la vie, plus que jamais.»
Par Thibaud Mabut
Crédit photo mise en avant: PVA-Genève.