Ces « fake news » vidéos, truquées grâce à une technologie qui modifie la voix ou le visage d’une personne, sont de plus en plus réalistes et envahissent les réseaux sociaux. Zoom sur la dangerosité de cette technique.
C’est un phénomène qui fait trembler les gouvernements, entreprises et médias du monde entier. Depuis bientôt deux ans, les « Deepfakes », ou vidéos « fake news », pullulent sur le net. A l’aide de l’intelligence artificielle (IA), il est maintenant possible de truquer des vidéos en falsifiant les visages et en attribuant à ceux-ci des paroles qu’ils n’ont jamais prononcées. Mises bout à bout, ces images falsifiées peuvent créer une vidéo troublante de réalisme.
Cette technologie s’est tellement perfectionnée que les États-Unis la qualifient de « menace nationale ».
Historiquement, le tout premier « Deepfake » semble avoir été réalisé à Anvers, en Belgique. Le visage d’une femme avait alors été transposé sur celui de l’actrice américaine Anne Hathaway. Cette manœuvre aurait été réalisée par Sven Charleer. Ce dernier a expliqué qu’il lui a fallu plus de 1000 photos de sa femme et 2000 d’Anna Hathaway pour réaliser la supercherie: « C’est l’avantage avec les célébrités, on a beaucoup d’images d’elles. Il suffit de lancer le logiciel, il va analyser ces images puis superposer un visage sur l’autre. C’est aussi simple que ça ».
Pas de recette miracle
Si des moyens technologiques pour repérer ces « Deepfakes » existent, ils restent cependant inaccessibles pour les citoyens lambda. La recette exacte pour contrer cette forme de désinformation en constante croissance ne semble pas encore exister.
L’alerte a été donnée par la directrice du contenu produit par les usagers chez Reuters, Hazel Baker. Cette dernière tiendra justement une conférence sur ce sujet durant le Festival International du Journalisme à Perugia.
Les nouveaux outils technologiques inquiètent Hazel Baker: « Les « Deepfakes » permettent de créer du contenu où l’on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Heureusement, il n’y a pour le moment aucune histoire d’envergure ayant émergé de cette technologie. »
Comment lutter contre ces « Deepfakes »?
En France, des chercheurs se mobilisent pour construire une application capable de détecter les « Deepfakes ». C’est le cas de Vincent Nozick, co-créateur de « Mesonet ». Ce logiciel devrait permettre dans un futur proche d’analyser n’importe quelle vidéo et de déterminer si elle a été falsifiée.
Les deux géants du web, Facebook et Google, ont également annoncé développer leurs propres logiciels de détection. La technologie n’est cependant pas encore accessible au grand public. Pour cause: les « Deepfakes » s’améliorent en permanence et il est difficile pour les développeurs de suivre le rythme.
Pour certains chercheurs, la solution devrait venir des citoyens. Il ne tiendrait qu’à eux de développer leur esprit critique, de repérer des indices et de remonter aux sources des informations données au travers des millions de vidéos postées chaque jour sur le web.
La question est de savoir si les internautes seront prêts à fournir un tel effort intellectuel, surtout à une époque où la défiance envers les élites et les médias n’a jamais été aussi prononcée.
Les fausses vidéos s’améliorent: elles deviennent de plus en plus rapides et faciles à réaliser. Une réalité qui augmente inévitablement le potentiel de nuisance de cette technologie si elle vient à être placée entre de mauvaises mains. Dans la vidéo ci-dessous (en anglais), le média Bloomberg QuickTake explique comment les « Deepfakes » se sont améliorées au cours des derniers mois et ce qui est entrepris pour les contrer.
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