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Les alpages suisses ont-ils un avenir ?

Lors du 11ème salon des alpages la question de l'approvisionnement en eau a été abordée.

Du 14 au 16 octobre, les éleveurs suisses étaient rassemblés pour le 11ème salon des alpages. Comment voient-ils leur avenir alors que les effets du réchauffement climatique se font toujours plus sentir ?

Transport d’eau en hélicoptère, désalpes précoces ou encore passage obligé à l’abattoir pour certains bovins, l’été 2022 a été compliqué pour les exploitants d’alpage. A l’occasion du 11ème salon des alpages qui se déroulait aux Diablerets du 14 au 16 octobre, nous avons demandé à Jean-François Dupertuis, président du comité d’organisation, quelle est sa vision de l’avenir.

Face aux défis posés par le manque d’eau en alpage, diverses solutions ont été aménagées par les autorités, comme le fait de transporter de l’eau en hélicoptère. Une solution peu écologique, qui ne saurait durer dans le temps, comme nous l’explique Jean-François Dupertuis, conseiller agricole, responsable de l’estivage et préposé cantonal à la protection des troupeaux : « Les transports d’eau par hélicoptère ont été proposés comme solution d’urgence, donc nous avons à l’esprit que nous allons devoir nous adapter et prendre des mesures plus durables, cela ne pourra continuer indéfiniment. »  

Un diagnostic pastoral

Face à cette situation urgente, Jean-François Dupertuis estime qu’un diagnostic pastoral serait un outil utile pour faire face à l’avenir. « Nous avons déposé un projet dont le but est de faire un inventaire complet des alpages du canton de Vaud afin de connaître quelles sont les infrastructures à disposition, quels sont les besoins et quelle est la ressource fourragère à disposition. »

Pour lui, cet outil serait idéal afin de proposer des mesures d’assainissement dans tous les alpages, et donc de pallier également les problèmes financiers qui découlent du réchauffement climatique. « Ce diagnostic va nous permettre de fixer la jauge de jusqu’à quand il sera économiquement rentable d’investir pour stocker de l’eau et abreuver les animaux. » Jean-François Dupertuis concède néanmoins qu’il est impossible de définir si dans dix ou quinze ans un endroit sera toujours pourvu d’herbe. Les concernés avancent donc à tâtons. D’autres types de solutions, comme des bassins de stockage ou des stations de pompage sont également mis en place.

Lors du salon des alpages, les visiteurs ont eu l’occasion de s’approcher du bétail. Photo : Olivia Schmidely.

Le retour du loup et le manque de main d’œuvre

Quand bien même des solutions pérennes seraient trouvées pour faire face aux conséquences du changement climatique en alpage, les exploitants doivent composer avec d’autres difficultés. Ces dernières sont principalement le retour du loup ainsi que le manque de main d’œuvre.

Il est en effet toujours compliqué de recruter en alpage. Gilbert Busset, éleveur de vaches laitières dans la commune d’Ormont-Dessus, s’inquiète : « Il y a de moins en moins de jeunes en montagne, et nous nous faisons du souci pour la relève. »

Il y a un côté très émotionnel dans le traitement médiatique du loup.

Jean-François Dupertuis

Le loup a quant à lui fait son retour depuis l’été 2022, principalement dans le Jura, et tue régulièrement des bovins, dont une vingtaine récemment aux Diablerets. Le retour du canidé reste néanmoins un problème moindre au regard de ceux posés par le dérèglement climatique. « Il y a un côté très émotionnel dans le traitement médiatique du loup, mais le vrai souci, ce n’est pas ça », confie encore le conseiller agricole.

Jean-François Dupertuis se veut néanmoins positif : « Il faut continuer à croire en notre métier, et j’ai vu une capacité d’adaptation absolument énorme depuis 30 ans que je suis dans le monde agricole. » Il conclut : « On a des mesures, des possibilités, mais il reste encore beaucoup à faire. »

A regarder : Le témoignage de Vanessa Ménétrier, bénévole au salon des alpages

par Olivia Schmidely
Crédit photo mise en avant : Olivia Schmidely.

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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